Le Premier ministre, Xavier Bettel, a loué, jeudi, la réaction de l’UE dans la lutte contre le covid. Devant les hauts représentants de l’économie nationale, il a cité en exemple l’acquisition commune des vaccins. Sans l’initiative de la Commission européenne, même le riche, mais petit Luxembourg, aurait eu le plus grand mal à se fournir en vaccins.
Sur le fond, on ne peut pas donner tort au chef du gouvernement. L’UE a certainement ses mérites dans la gestion de la pandémie. La commande commune, mais aussi la redistribution du vaccin à des pays tiers, en fait partie. Le bouclier financier dressé pour soutenir l’économie et éviter la faillite de certains États membres, est également à mettre en avant. Néanmoins, l’UE peine toujours à assumer son rôle de coordinateur.
Si au printemps 2020, une série de pays ont unilatéralement décidé de fermer leurs frontières pour freiner la propagation du virus – une mesure qui s’est avérée être un leurre – nous voilà, deux ans plus tard, face à une nouvelle incohérence qui fait tache. Mercredi, l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) a annoncé la levée du port du masque dans les avions. Le hic est qu’il ne s’agit que d’une recommandation. Ayant plaidé dans un premier temps pour une harmonisation des règles, Luxair a fini par déclarer que les masques vont aussi tomber à bord de ses avions. Mais pas sur tous les vols. Il faudra ainsi toujours porter son masque pour aller au Portugal, mais pas pour s’envoler vers la France. En Allemagne, la situation est encore plus absurde : masque obligatoire pour aller à Munich, mais pas pour atterrir à Berlin.
L’architecture européenne fait que les États membres restent maîtres de leur destin en matière de politique sanitaire. L’effet pervers est que les règles varient trop fortement d’un pays à l’autre. Dès lundi, les navetteurs français, prenant le train pour venir travailler au Luxembourg, seront ainsi dispensés du port du masque jusqu’à la frontière. Une fois passée celle-ci, le masque devra être remis. Au Grand-Duché, le masque reste, en effet, encore obligatoire.
Tous ces exemples démontrent qu’il est urgent d’accorder un plus grand pouvoir de décision à Bruxelles, sans quoi le variant «UE» va continuer à faire des ravages.