Tous espèrent décrocher leur étoile au pays des tsars. Avant ça, assurément, ils en mettront plein les mirettes ébahies. Équipes et supporters vont ainsi communier autour de ce feu sacré qui réchauffe les cœurs palpitant à tout rompre et attise les passions ardentes. Il n’y a guère que le ballon rond et une Coupe du monde pour faire tourner la planète dans le bon sens. Celui du partage sans calcul. Tout au plus quelques pronostics. Pour fédérer tout un peuple, les fidèles de chaque instant comme les adeptes ponctuels. La seule religion capable de réunir toutes les croyances devant l’Éternel. Il y a du spirituel dans cet art de faire des miracles ensemble malgré l’adversité.
On ne parle pas de cette «unité» de façade qui fissure au lendemain des drames de la barbarie aveugle et s’écroule en une polémique imbécile. Pas davantage de ce «rassemblement» dont s’emparent d’aucuns pour redorer leur blason politique. Brandi en étendard, sans les nobles valeurs du drapeau.
Non, on parle ici de la ferveur, populaire jamais populiste, qui se conjugue au féminin, masculin, singulièrement plurielle, sans distinction ni division. Toutes générations confondues, couleurs bigarrées, conditions sociales indifférentes.
De ces billes écarquillées perleront bien sûr des larmes. De joie débordante, d’infinie tristesse, c’est selon. Elles auront un goût de fierté, parfois d’amertume. Les pieds, cramponnés ici-bas à la pelouse, trépigneront là-haut dans les gradins. Devant les écrans géants, derrière les postes de télévision. On vibrera, tremblera. Le souffle sera court, le sifflet coupé. D’une travée de stade à l’autre terrasse de bar, les mines réjouies se fendront de larges sourires. On entendra aussi grincer des dents. On se rongera les sangs et les ongles. L’impatience cédera à la prudence avant d’oser exulter. On se disputera les victoires, se réconciliera dans la fête. Car le foot reste le plus grand terrain de tant d’émotions. Si simples et tellement sublimes.
Le 15 juillet, bouquet final sans artifices, une seule étoile scintillera plus fort dans le ciel d’une nation. Mais fera briller des millions d’yeux embués.
Alexandra Parachini