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Le temps de trancher

On y voit un peu plus clair sur la réforme des pensions, après le débat marathon mené mercredi à la Chambre. Mais uniquement grâce aux prises de position et propositions des sept partis siégeant au Parlement. CSV, DP, LSAP, ADR, déi gréng, Parti pirate et déi Lénk ont mis sur la table leurs pistes pour assurer la viabilité à long terme d’un système qui risque, dès 2026, d’afficher un déficit. À politique inchangée, un effet boule de neige se produirait avec, à l’horizon 2045, l’épuisement des réserves, qui se situent actuellement à plus de 30 milliards d’euros.

Le camp syndical reste d’avis qu’il est trop tôt pour agir. Les projections à très long terme ne seraient pas fiables. Ce fait, les différents orateurs ne l’ont pas nié, hier à la Chambre. Or, à l’image de ce qu’a avancé Gérard Schockmel (DP), il n’est peut-être pas si erroné de se pencher à temps sur l’avenir des pensions. Ce sont justement les réserves copieuses qui permettent au camp politique de travailler en toute sérénité sur des solutions. En même temps, il est recommandable de ne pas se projeter trop loin. Au lieu de mettre en place des mesures qui doivent perdurer jusqu’en 2070, il serait préférable de se baser sur une période située entre 10 et 15 ans. Une échéance plus réaliste. Rien n’empêche de continuer à suivre l’évolution des chiffres de manière régulière.

Il reste à décider dans quels domaines agir. Deux camps s’opposent. Les uns veulent chercher et trouver des sources de financement supplémentaires. Une augmentation des cotisations est envisagée par plusieurs partis. Une option qui est réfutée par le camp patronal. Le gouvernement se montre aussi hésitant, même si, officiellement, aucune piste n’est exclue. La création d’un deuxième fonds de pension, alimenté par les seuls assurés, est également un moyen qui mérite d’être étudié de plus près. Un telle démarche ne devra cependant pas remettre en cause le principe d’un système reposant sur l’équité intergénérationnelle.

Il reviendra à la ministre Martine Deprez de trancher. Mercredi, elle a annoncé des premiers projets de réforme avant l’été. Les pistes retenues seraient discutées à l’automne avec les syndicats et le patronat. Une bonne base pour trouver le large consensus espéré.