L’incendie couvait depuis de longs mois. Finalement, le Syndicat des fabriques d’église (Syfel) est passé à l’attaque à deux jours de Noël. Jeudi, l’archevêque Jean-Claude Hollerich s’est vu remettre par un huissier une assignation devant le tribunal. Du jamais vu ! Le rude bras de fer auquel se livrent le Syfel et l’archevêché au sujet de l’avenir des fabriques d’église est donc entré dans une nouvelle dimension. Plus que jamais, le sapin brûle entre les deux camps.
En soi, cette action devant les juges n’est pas une surprise. Le moment choisi par des chrétiens pratiquants est cependant bien plus étonnant. À la veille de Noël, on s’attendrait plutôt à un cessez-le-feu. S’agit-il juste d’un hasard du calendrier ou est-ce que le moment choisi par le Syfel pour passer à l’attaque est un indice de leurs véritables intentions ?
Pour eux, l’archevêque n’avait nullement le droit de signer en janvier 2015 la convention qui acte le divorce à l’amiable entre l’Église et l’État. Cet accord prévoit une dissolution des fabriques d’église avec, à la clé, la création d’un nouveau Fonds de gestion commun pour les édifices religieux. Des mots très durs tels que «expropriation» ont été employés ces dernières semaines par le Syfel qui, appuyé par sa base, ne compte pas plier.
Officiellement, les fabriques d’église n’ont pas peur de devoir dévoiler sur la place publique l’ensemble de leurs propriétés, qui vont bien au-delà des édifices religieux, qui eux sont souvent entre les mains des communes. Certaines autres fabriques clament leur indépendance, mais ne comptent pas renoncer au soutien financier de la main publique. Tout cela reste donc assez flou et on ne sait pas trop où va se terminer cette violente passe d’armes.
En attendant, le ministre de l’Intérieur, Dan Kersch, se frotte certainement les mains. Mais l’auteur de la réforme des fabriques d’église ne doit pas crier victoire trop tôt. En plus de la plainte de la part du Syfel, le ministre n’est toujours assuré en rien d’un feu vert du Conseil d’État pour pouvoir mener à bien sa réforme. Le chemin de croix est donc encore loin d’être achevé.
David Marques