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Le risque de surdose

Le Luxembourg et ses 626 000 habitants auraient-ils suffisamment pesé auprès des producteurs de vaccins anti-Covid pour acquérir en priorité un plus grand nombre de doses ? Le débat est lancé. Le CSV et son président, Frank Engel, ont dégainé en premier. En se fiant à la commande groupée de l’UE, le gouvernement aurait échoué sur toute la ligne.

La seule certitude à ce jour est que le Grand-Duché pourra vacciner, d’ici la fin mars, 36 000 personnes, avec les seules doses de BioNTech/Pfizer. Dans les semaines à venir, les vaccins de Moderna et AstraZeneca pourraient permettre de vacciner 250 000 personnes supplémentaires. Le gouvernement a signé des options pour vacciner jusqu’à 1 million de personnes.

Était-ce donc une erreur de miser sur plusieurs fabricants ? La polémique naissante sur la pénurie de vaccins provient d’Allemagne. Dans une interview accordée au Spiegel, les patrons de BioNTech se disent étonnés que l’UE n’ait commandé «que» 300 millions de doses de leur vaccin, développé avec Pfizer. Ils n’évoquent guère les problèmes de production qui existent. Et puis, il ne faut pas s’étonner de voir BioNTech réclamer de nouvelles commandes. La course au vaccin anti-Covid reste en effet une course aux milliards d’euros.

Faisons un pas en arrière. En octobre, le Premier ministre, Xavier Bettel, avait été moqué pour avoir avancé la date de fin décembre pour obtenir le vaccin. L’opposition lui a reproché de faire miroiter de fausses illusions. Aujourd’hui, on réclame une vaccination à vitesse grand V de la population. Cette précipitation risque d’avoir un impact négatif sur les plus sceptiques, qui hésitent encore à se faire vacciner.

Il est également à rappeler que l’UE a commandé 2 milliards de doses pour vacciner ses 450 millions d’habitants. En automne, les critiques ont fusé pour dénoncer que la riche Europe mette la main sur un nombre surdimensionné de doses et prive ainsi les pays en voie de développement d’être fournis en vaccins anti-Covid. Cet aspect-là semble aussi être oublié aujourd’hui.

Et puis ouvrons encore la parenthèse du vaccin contre la grippe A (H1N1). En 2009, l’État avait commandé 700 000 doses. Seules 45 000 personnes se sont fait vacciner. Les critiques d’un gaspillage financier résonnent toujours…

David Marques

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