Le retour du mutisme

Le Luxembourg vient de vivre sa première semaine de déconfinement progressif. Avec la réouverture des chantiers, des magasins de bricolage et des centres de recyclage, le trafic a considérablement repris. On sent que le mot d’ordre «Restez à la maison» lasse de plus en plus la population. Le choix de miser sur la prudence reste toutefois logique. Le fait d’attendre trois semaines afin d’évaluer l’impact de la réouverture partielle de l’économie sur le nombre d’infections est également à respecter. Mais il existe aujourd’hui toute une série d’incohérences, de zones d’ombre et de frustrations qui mériteraient des explications supplémentaires.

La pression a clairement augmenté ces derniers jours sur le gouvernement. Si les sorties médiatiques sur le terrain se sont multipliées cette semaine, ni le Premier ministre ni la ministre de la Santé ne se
sont présentés au point presse hebdomadaire. Ce rendez-vous n’a pas seulement de l’importance pour les journalistes. Plus que jamais, de nombreux citoyens sont suspendus aux lèvres des ministres pour en savoir plus sur l’évolution de la crise sanitaire.

Vendredi, on a assisté au retour du mutisme qui caractérise depuis de longues années la communication du gouvernement à l’issue de ses réunions en Conseil. Le Premier ministre n’apprécie guère cet exercice. Vu la situation de crise dans laquelle se trouve le pays, la presse et la population auraient néanmoins pu s’attendre à une série de précisions de la part de Xavier Bettel et de Paulette Lenert. On songe en premier lieu à l’annonce du lancement d’un dépistage à grande échelle de l’ensemble de la population. Les autres questions concernent la réaction aux critiques acerbes portant sur la reprise de l’école ou la réouverture des cabinets médicaux. La gestion de la pandémie reste certes une navigation à vue, comme l’a déjà mentionné la ministre de la Santé. La transparence promise en début de crise vient toutefois de prendre un coup.

David Marques