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Le quincaillier de Washington

Pour ses premiers pas internationaux significatifs, Donald Trump a affiché la couleur : la diplomatie c’est d’abord du business. Il en a donné l’éclatante preuve lors de sa visite à Riyad où il a scellé en début de semaine les grandes retrouvailles de l’Amérique avec le régime wahhabite, duquel s’était distancié Barack Obama. L’Arabie saoudite a passé pour 380 milliards de dollars de commandes aux États-Unis, dont 111 en quincaillerie militaire. De quoi conforter un peu plus encore la place de Washington comme premier vendeur d’armes au monde avec 33 % de parts de marché en 2016.

D’argent et d’armes, il a aussi été beaucoup question à Bruxelles, jeudi, lors de la rencontre du président américain avec les dirigeants des pays membres de l’OTAN. Avec l’art de la nuance qu’on lui connaît, Donald Trump a sommé ses alliés de porter leurs dépenses militaires à 2 % de leur PIB, comme cela est prévu par la charte de l’OTAN. Vingt-trois pays membres sur 28 ne se conforment pas à cet objectif. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), le Luxembourg est dans ce domaine un piètre élève : avec seulement 0,5 % du PIB consacré à l’armée en 2016, il figure en queue de peloton mondial. Le Premier ministre luxembourgeois a assuré, jeudi, que le pays continuerait à apporter son écot à l’OTAN en tenant compte de ses propres priorités. Xavier Bettel a aussi affirmé qu’en consacrant 1 % de son PIB à l’aide au développement, le Grand-Duché agit à sa façon contre les conflits dont les racines plongent souvent dans le sous-développement et l’absence de démocratie qui l’accompagne. Pas sûr que cela convainque un Trump revêtu du costume de VRP de l’industrie militaire américaine.

Et puis, pour le Luxembourg, la raison commande d’être lucide. Quand bien même le pays multiplierait-il par quatre son effectif de 900 soldats et augmenterait-il d’autant ses dépenses, cela ne bouleverserait ni la puissance de l’OTAN ni les grands équilibres militaires mondiaux.

Le Luxembourg n’a pas à rougir de sa politique privilégiant à son échelle le développement pacifique à l’usage brutal des armes. Bien au contraire.

Fabien Grasser (fgrasser@lequotidien.lu)

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