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Le patriarcat a bon dos

Après quasi cinq ans d’exil dans l’ambassade d’Équateur à Londres, Julian Assange semble avoir des petits problèmes pour évaluer la réalité de l’actualité. Il a ainsi tweeté de manière étrange en pleine nuit, en demandant à ceux qui suivent son compte si Marine Le Pen avait perdu l’élection pour des raisons sexistes. Il ne s’en est pas tenu là puisqu’il a également ajouté  : «D’abord Hillary, maintenant Marine. Nous sommes en 2017 et la main de fer du patriarcat est plus forte que jamais.» Venant d’une personne qui est recherchée pour agression sexuelle, on peut voir l’ironie d’une telle remarque.

Mais on peut rassurer Julian Assange, la défaite de Marine Le Pen n’a rien à voir avec son genre, et encore moins avec la «main de fer» du patriarcat. Et finalement, tant mieux. Les programmes de Marine Le Pen et Emmanuel Macron étaient tellement différents que le fait que Marine Le Pen soit une femme n’est jamais rentré en ligne de compte. Les féministes attendent toujours qu’un pays puissant comme la France puisse voir une femme à sa tête, mais les féministes veulent également que le droit des femmes soit respecté. Et la candidate du Front national n’allait certainement pas être le fer de lance dans ce domaine. La comparaison avec Hillary Clinton réduit les deux candidates à leur genre, alors qu’elles n’ont rien à voir.

Si Marine Le Pen a perdu à cause de son programme et de tout ce qu’elle et son parti représentent, le destin d’Hillary Clinton aurait pu être tout autre si le scandale des courriels ne l’avait pas entaché pendant la campagne. Scandale lancé par… WikiLeaks, l’organisation de monsieur Assange! Le patriarcat a bon dos. Les équipes d’Emmanuel Macron ont d’ailleurs été victimes d’une attaque de hackers qui ont révélé des tonnes d’informations, vraies et fausses, sur la campagne. Mais juste avant le black-out médiatique du week-end, le temps que l’on puisse faire le tri, l’élection était passée. Cela n’a pas suffi à mettre le doute dans la tête des électeurs. Contrairement à Hillary Clinton, les hackers n’ont pas réussi à déstabiliser l’élection française.

Audrey Somnard