Les législatives d’octobre 2023 sont venues redistribuer les cartes au Luxembourg. Au bout d’une décennie passée sur les bancs de l’opposition, le CSV de Luc Frieden a enfin réussi à revenir au pouvoir, avec comme allié le DP du Premier ministre sortant Xavier Bettel. Est-ce que le LSAP et déi gréng, écartés après avoir été au pouvoir depuis 2013, vont pouvoir prendre leur revanche lors des élections européennes de ce dimanche? Ou autrement formulé : ce scrutin va-t-il constituer un premier test grandeur nature pour le gouvernement conservateur-libéral?
En 2014, la majorité tricolore formée six mois plus tôt par le DP, le LSAP et de déi gréng a dû encaisser une cinglante défaite. Le vent avait tourné en 2019, lorsque les libéraux et déi gréng sont ressortis clairement renforcés des urnes. Oui, il y a cinq ans, les écologistes avaient encore le vent en poupe. Pas de trace de «greenbashing» ou de levée de boucliers contre la transition énergétique. Seul le LSAP n’avait pas réussi à tirer son épingle du jeu.
Qu’en sera-t-il dimanche soir à 23 h? Le verdict luxembourgeois de ces élections européennes sera certainement intéressant à observer et analyser. Mais, somme toute, les six élus envoyés à Strasbourg (et Bruxelles) vont peser peu dans le bras de fer qui s’annonce dans l’hémicycle. Les sondages anticipent des gains importants pour les forces nationalistes, eurosceptiques et d’extrême droite. Ces partis pourraient passer de quelque 20 % à 25 % des 720 sièges qui sont en jeu. La percée redoutée risque de plomber le Parlement européen, qui n’a certes pas le droit d’initiative, mais au sein duquel doivent se dégager des majorités pour adopter les textes mis sur les rails par la Commission européenne.
Derrière la popularité de ces formations se trouve la pandémie de Covid-19 et l’invasion russe de l’Ukraine. Ces deux crises historiques ont démontré les vertus de l’Europe. Paradoxalement, la riposte commune des Vingt-Sept, ayant permis d’éviter le pire, ne profite pas aux partis progressistes. Au Luxembourg, les formations pro-européennes devraient être confirmées. Et dans le reste de l’UE? La reconduction de la «grande coalition» (centre droit, sociaux-démocrates, libéraux et Verts) serait déjà un succès.