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Le Mondial des monstres

Et à la fin, c’est la France, le monstre de cynisme, qui reste debout ! Le Mondial-2018 en Russie a vécu et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il aura consacré la fin du football romantique prôné depuis des années par l’Espagne et son toque ainsi que l’Allemagne et son football total. Debout au milieu des ruines encore fumantes de cette parenthèse dorée de l’histoire du ballon rond, une jeune génération de goujats habillés en bleu, d’une insolente froideur, d’un réalisme absolu qui en dit finalement assez long sur leur énorme potentiel et de ce qu’ils envisagent d’en faire : rien de séduisant. Plutôt de l’efficace. Quitte à énerver la planète puisqu’ils s’en foutent et le revendiquent même.

En même temps, ils n’ont fait que suivre le mouvement : ce mois de compétition a consacré de toutes nouvelles tendances qui ont signé la fin du football de possession que même le sélectionneur luxembourgeois, Luc Holtz – qui l’adorait encore il y a peu –, a enterré dans ces colonnes. Les équipes qui voulaient avoir le ballon sont vite rentrées à la maison et la France s’est chargée de briser le rêve des deux plus séduisantes : la Belgique en demies, la Croatie en finale.

Après avoir livré un premier tour de gestionnaire, planté l’Argentine en contre (4-3), géré l’Uruguay (2-0), assassiné froidement les Diables Rouges (1-0) suscitant les critiques acerbes de ces derniers qui ont parlé d’antifootball, les Bleus ont fait encore plus fort en finale, contre la Croatie : visiblement paralysés par l’enjeu, ils ont quand même réussi à marquer sur quasiment chaque demi-occasion.

En la matière, ils ont trouvé leur Dieu et peut-être même celui de la planète football pour les dix années à venir puisque cette dernière s’apprête à lentement tourner la page Messi–Cristiano Ronaldo. Kylian Mbappé aura été l’agent du diable, celui par lequel se justifient tous les refus de jeu qu’on impute à Didier Deschamps sur cette campagne. Dans ce sacre des monstres, le jeunot de 19 ans a plongé le ballon rond en enfer. Il y brûlera pendant quatre ans.

Julien Mollereau

Un commentaire

  1. Triste article M. Mollereau. Tactique imparable … ou adversaires naïfs … ou les 2 … rien à discuter 2ème étoile …. Bravo Didier Deschamps !