À la veille de l’élection US que le monde attend, l’heure est à la course pour mobiliser les électeurs encore indécis et faire pencher la balance dans les «swing states», les États qui ne sont pas encore à la solde d’un candidat. Il faudra redoubler les efforts pour ne pas revivre le fiasco de 2000 quand Al Gore a perdu l’élection de quelques centaines de voix en Floride. D’autant que Donald Trump ne rendra pas les choses faciles en cas de mince défaite. Il a déjà déclaré publiquement, au dernier débat entre les deux candidats, qu’il laissait le suspense quant à sa décision de reconnaître les résultats. Bien évidemment, en cas de victoire du candidat républicain, tout laisse à penser que ses insinuations de fraude et de triche vont s’envoler et il lui sera miraculeusement très facile d’accepter les résultats. Bien entendu.
Les sondages n’indiquent rien de clair, et l’avantage qui était acquis à Hillary Clinton ces dernières semaines a bien fondu, malgré les efforts du couple Obama pour soutenir la candidate démocrate. Cette affaire d’e-mails a fait beaucoup plus de mal que toutes les horreurs que Trump a bien pu dire sur toutes les minorités et sur les femmes, c’est à n’y rien comprendre. D’autant que le milliardaire persiste à ne pas divulguer sa déclaration d’impôts, et qu’il devrait faire face à un procès pour fraude dès le mois de novembre.
Malgré tout, Hillary Clinton demeure la candidate mal aimée, issue du système que les électeurs rejettent aujourd’hui. La tendance est mondiale. La crise est profonde et les exclus de la mondialisation se sentent rejetés et ignorés par les élites. Les communautés se rejettent la faute et la tendance est au repli sur soi, et les candidats comme Donald Trump se sont engouffrés dans cette voie. Ce dernier n’était qu’un clown, mais ni raciste ni antiavortement. La campagne l’a fait durcir son discours et prendre des positions radicales pour flatter les électeurs blancs qui se sentent perdus dans une société toujours plus diverse qu’ils ne contrôlent plus. C’est demain que tout va se jouer. Et le monde retient son souffle.
Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)