Accueil | Editoriaux | Le modèle islandais

Le modèle islandais

C’est l’histoire d’un petit pays, tout petit pays isolé au nord de l’océan Atlantique. Aux confins de l’Europe, il est souvent oublié par les géants du continent.

Pourtant, l’Islande n’a de cesse de se rappeler à leur bon souvenir. Que ce soit en 2008, lorsque son système bancaire s’est effondré et que sa population a décidé de ne pas céder devant la finance, en avril dernier, lorsque son Premier ministre Sigurdur Ingi Johannsson a été poussé à la démission à la suite du scandale des Panama Papers, ou mardi soir, lorsque ses footballeurs ont éliminé l’Angleterre de l’Euro de football. Autant d’exemples qui montrent la force de ce peuple insulaire, capable de manifester en masse pour plus de démocratie ou de soutenir tout aussi massivement ses fiers représentants sur les pelouses.

L’Islande, pays de geysers et de sources bouillonnantes, a fait le choix, au début de ce siècle, de miser sur l’éducation de ses enfants. Une éducation qui passe par le sport. Elle a mis les moyens, même lorsqu’elle ne les avait plus, dans la construction de terrains de football couverts, dans la formation d’entraîneurs pour encadrer sa jeunesse. Une politique coûteuse, forcément, mais qui n’a jamais suscité le moindre doute dans un pays si foncièrement attaché à l’épanouissement de ses chères têtes blondes.

Voir, une dizaine d’années plus tard, cette équipe triomphante, remarquablement organisée, terroriser l’Europe du football, ses millionnaires pleins de morgue et ses fédérations pleines de suffisance, est l’illustration même du modèle islandais. Car cette bande de potes qui a marché sur l’Angleterre, après avoir fait trembler le Portugal et la Hongrie, après avoir battu l’Autriche, c’est bien plus que du sport. C’est l’image même d’une société qui sait, depuis des siècles, avancer contre l’adversité. Celle des éléments naturels, mais aussi celle des hommes. Que cette quête permanente prenne forme dans le football n’est finalement pas un hasard tant les terrains sont devenus aujourd’hui des miroirs de nos sociétés. Les Anglais peuvent en parler. Et les Français vont bientôt le découvrir.

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)