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Le modèle allemand

Après l’attentat de Berlin, l’extrême droite allemande caressait le rêve de rassemblements gigantesques mercredi et d’un retournement de l’opinion publique contre la politique migratoire du gouvernement, à moins d’un an des législatives. Ni l’un ni l’autre ne se sont produits. En tout cas pour le moment. Face à l’attaque contre un marché de Noël de la capitale allemande, lundi soir, les citoyens, les commentateurs et la classe politique traditionnelle n’ont pas cédé à la facilité des slogans réducteurs ou des diatribes simplificatrices. C’était déjà le cas l’été dernier après un attentat à Ansbach. Nous sommes bien loin de l’hystérie antimusulmane, anti-immigrés ou sécuritaire qui agite le débat en France depuis 2015, atteignant jusqu’au président socialiste François Hollande avec son projet de déchéance de la nationalité.

Même si cela n’a pas valeur scientifique, les citoyens allemands interrogés ces derniers jours par les médias nous disent tous qu’ils ne veulent pas plus de caméras de surveillance, pas plus de policiers dans les rues et encore moins de militaires. Ils avancent que cela n’empêchera rien, convaincus que le vrai combat se mène en souterrain par les services de renseignement, mais est aussi celui qu’on conduit sur le terrain social et éducatif. C’est l’échec total de la stratégie des mouvements jihadistes visant à diviser et à tendre la société.

Reste la question de l’accueil de plus d’un million de réfugiés voulu par Angela Merkel. Il est illusoire de penser que des terroristes ciblant l’Allemagne n’auraient pas été en mesure de le faire sans cette politique. Une organisation comme l’État islamique a, au cours des dernières années, amassé un trésor de guerre suffisant pour se donner les moyens d’infiltrer ses soldats perdus dans n’importe quel pays. Il faut aussi rappeler qu’en accueillant des réfugiés de guerre, l’Allemagne est un des rares pays européens – avec le Luxembourg – à avoir appliqué et respecté les traités internationaux qu’elle a signés. À tous ces titres, il y a à ce jour un «modèle allemand» exemplaire, bien loin de l’affreux modèle de l’austérité budgétaire du docteur Schäuble.

Fabien Grasser (fgrasser@lequotidien.lu)

Un commentaire

  1. Bonne analyse Fabien ! Mais éminemment superficielle…
    J’espère juste qu’il n’a pas échappé à votre instinct de journaliste chevronné que ces réactions « positives » des Allemands étaient soigneusement triées sur le volet par les médias officiels teutons. La réalité est une autre histoire et on ne donne évidemment pas la parole à ceux qui tiennent un autre discours.
    Ajoutons que des pays comme le Belgique, les Pays-Bas et la Suède, pour ne citer que ceux-là, font aussi le « boulot » en matière d’accueil de réfugiés mais certainement de manière plus pragmatique et moins ostentatoire que l’Allemagne et le Luxembourg…