Ainsi, Simone Veil et son mari Antoine rejoindront prochainement le Panthéon. L’hommage était attendu, nul autre ne le mérite plus que cette femme étonnante. Elle reposera alors aux côtés de citoyens et citoyennes qui, comme elle, ont fait avancer la France, l’Europe, et le monde. Voltaire, père de la tolérance, Rousseau, chantre de l’égalité, Victor Schœlcher, pourfendeur de l’esclavage, Jean Monnet, héros de l’Europe, René Cassin, auteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme… ce voisinage lui siéra, assurément.
Simone Veil côtoiera aussi des héros qui, comme elle, ont vécu l’horreur des camps de la mort, que l’on ne peut imaginer. Si elle a vu tomber sa mère, son père et sa sœur à Birkenau-Auschwitz, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion ont survécu, elles, à Ravensbrück. Jean Moulin, aussi, repose au Panthéon, où les noms des Justes, ces valeureux qui ont caché des juifs aux nazis, sont gravés dans la pierre.
Simone Veil a regardé la mort et l’arbitraire dans les yeux, et c’est peut-être ce qui lui a donné cette force de persuasion et cette capacité à avoir eu raison avant les autres. Lorsque Valéry Giscard d’Estaing choisit de faire porter la loi autorisant l’IVG par la ministre de la Santé plutôt que par le ministre de la Justice, c’est parce qu’il sait que Simone Veil – et peut-être seulement elle – est capable de convaincre l’opinion publique et, au premier chef, le Parlement.
Cet engagement, elle l’a uniquement orienté sur des causes justes et nobles. Lorsqu’elle jette à la figure de Jean-Marie Le Pen et des fondateurs du Front national venus déranger une réunion publique : «Vous ne me faites pas peur. J’ai survécu à pire que vous. Vous n’êtes que des nazis aux petits pieds», elle détourne la violence physique et verbale qu’elle reçoit et renvoie un camouflet magnifique.
Simone Veil n’est plus là, ses opposants, si. Rien n’est jamais gagné à jamais. Sur ce point, Emmanuel Macron a eu raison. Pour que le XXe siècle soit le sien et pas celui de ses ennemis, il convient de ne pas baisser la garde.
Erwan Nonet