Il y a quelques semaines, nous évoquions le fait que le Luxembourg faisait preuve de schizophrénie. Sa population, qualifiée d’ouverte et de tolérante, affiche en effet des visages très différents, sans vraiment faire preuve de cohérence. L’énonciation de cette face cachée du pays avait suscité de nombreuses réactions, parfois virulentes, mais à deux jours du référendum, le constat se confirme. Le dicton «il n’y a que la vérité qui blesse» semble approprié.
Nous avons bien conscience que des cas isolés ne suffisent pas à tirer des conclusions générales. La campagne autour de la question de l’ouverture du droit de vote aux résidents étrangers a cependant donné lieu à de (trop) nombreux dérapages. Pour que ce soit clair : nous ne dénonçons pas ici les opinions des uns et des autres. La liberté d’expression doit continuer à primer. Mais il y a des limites à ne pas dépasser et, malheureusement, une nouvelle dimension a été atteinte avec les menaces de mort perpétrées contre le Premier ministre. Il ne s’agit pas ici de prendre la défense de Xavier Bettel, mais il est tout simplement inacceptable que ce dernier soit attaqué sur son orientation sexuelle et gravement insulté. Le message haineux d’un «nazi» à l’esprit étroit mérite les poursuites que la justice a rapidement lancées.
Malgré cela, le mal est fait et le référendum de dimanche risque de laisser des traces profondes. Pas forcément à cause de dérapages isolés, mais en raison d’une campagne ratée. Les enjeux très complexes des trois questions ne sont apparus qu’en cours de route et cette dimension a été clairement sous-estimée. Même s’il a été vivant, le débat politique et sociétal a manqué, par moments, d’objectivité et, malencontreusement, les messages tendancieux, racistes et homophobes sont venus noircir le tableau.
Chaque électeur devra désormais assumer ses responsabilités. La question du droit de vote est essentielle pour l’avenir de notre société. Exploiter ce référendum pour sanctionner le gouvernement en place ou suivre tout simplement à l’aveuglette des arguments simplistes revient à faire fausse route.
David Marques