Donald Trump aime passer pour le maître des horloges. Même quand il fait une spectaculaire marche arrière, il lance, tout sourire, que c’était bien sûr prévu et que cela faisait partie d’une stratégie que lui seul maîtrise. C’est ce qu’il s’est passé pour l’épisode des droits de douane infligés à presque la totalité des pays de la planète. Ils sont aujourd’hui suspendus pour 90 jours… Les montagnes russes à la Bourse américaine y sont pour quelque chose, n’en doutons pas. Mais ne demandez pas au locataire de la Maison-Blanche d’évoquer le sujet. Il dira que son plan se déroule sans accroc.
Aujourd’hui, seule la Chine subit la politique commerciale agressive américaine. Elle a déjà annoncé qu’elle ne se laisserait pas faire. Ce ne sera pas la seule à vouloir se battre. Les consommateurs américains, eux, risquent de voir leur pouvoir d’achat baisser encore. Qu’on le veuille ou non, le géant asiatique est devenu l’usine du monde. Et ce n’est pas en deux semaines que les grandes usines vont revenir s’installer aux États-Unis. Et d’ailleurs, si elles reviennent, elles vendront à quel prix leur production? La question est bien là. Mais Donald Trump n’est pas à une incohérence près. L’épisode des taxes douanières va laisser des traces dans nos économies et va surtout rappeler aux milieux des affaires, aux milieux diplomatiques, que l’on ne peut se fier désormais à la grande puissance américaine ballottée entre les désirs, parfois fous, de son président et la réalité du monde qui l’entoure.
Encore une fois, c’est la crédibilité de la première puissance mondiale qui s’effrite en même temps que son aura qui a subjugué pendant des décennies une partie du globe. Il y a d’autres dossiers brûlants en attente dans les tiroirs du Bureau ovale. Ukraine, guerre au Proche-Orient, OTAN… la liste des problèmes s’allonge et, pour les résoudre, il sera de plus en plus difficile de s’appuyer sur la girouette américaine. Trump veut être le maître des horloges, mais il est lentement en train d’en casser les aiguilles. Que va-t-il se passer quand il l’aura remarqué? Va-t-il accuser la Chine? L’Europe?