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Le Luxembourg en eaux troubles

Prenez une commune luxembourgeoise. Puis rasez toutes les infrastructures publiques : écoles, centres culturels, terrains de foot, routes et canalisations… À votre avis, s’il fallait tout reconstruire, qu’est-ce qui coûterait le plus cher?

La réponse pourrait vous surprendre : c’est l’eau. Les châteaux d’eau, les canalisations, les égouts et les stations d’épuration : toutes ces infrastructures représentent de 40 à 60 % de l’investissement total d’une commune. C’est colossal. Ce n’est pas pour rien que l’eau mérite son surnom d’or bleu. Même au Luxembourg où elle semble couler de source!

Jeudi, à l’occasion de la journée mondiale de l’Eau, le ministère de l’Environnement a prévenu : le Grand-Duché pourrait connaître des problèmes d’approvisionnement en eau d’ici une petite vingtaine d’années. En cause, la croissance démographique et économique : la population du Luxembourg, comme sa consommation donc. Mais la ressource, elle, n’est pas extensible à l’infini. Si les capacités de production n’augmentent pas, les robinets pourraient donc commencer à se tarir à l’horizon 2035.

Autre défi, la pollution. On y pense de temps en temps, lorsque des pesticides tombent accidentellement dans le lac de la Haute-Sûre ou que la Moselle se remplit d’algues bleues. Mais on sait moins que des captages qui pourraient alimenter près de 50 000 personnes sont en permanence coupés pour insalubrité.

Longtemps, le Luxembourg a laissé couler ce sujet. Il a même été mis à l’amende, au sens propre, par Bruxelles pour son «traitement insatisfaisant» des eaux usées. Depuis quelques années, heureusement, il prend conscience des enjeux. Des communes renouvellent leurs infrastructures, tandis que l’État réalise des investissements d’ampleur pour augmenter les capacités de production et de traitement de l’eau.

Tout cela ne servira cependant à rien si les consommateurs – particuliers, entreprises et agriculteurs – ne se joignent pas à cet effort. L’eau n’est pas un bien comme les autres : la gaspiller ou la polluer revient à se tirer une balle dans le pied.

Romain Van Dyck

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