Les semaines se suivent et se ressemblent au-dessus de la mer du Nord. Lundi, des chasseurs F-16 belges ont décollé de toute urgence pour intercepter deux bombardiers russes Tupolev Tu-160 qui se trouvaient au large des Pays-Bas. Les pilotes ont pu identifier et suivre les appareils qui se dirigeaient vers l’Ouest. En Angleterre aussi, l’alerte a été donnée et deux chasseurs Typhoon ont décollé pour aller à la rencontre des «visiteurs» russes qui approchaient de l’espace aérien britannique.
Cette démonstration de force de l’ours russe n’est pas la première du genre, mais l’apparition de ces Tupolev Tu-160 supersoniques dans le ciel n’est pas anodine. L’appareil construit au plus fort de la guerre froide est un bombardier capable de transporter des bombes nucléaires. Le message est clair. Les deux Typhoon anglais ont escorté ces appareils qui ont fait demi-tour à un peu moins de 50 km de l’espace aérien britannique. Ils sont ensuite rentrés à leur base après avoir donné des sueurs froides aux forces de l’OTAN, des forces qui se font titiller par les Russes depuis des années déjà. Tester les défenses de l’OTAN tout en rappelant la puissance de l’armée de l’air russe, voilà l’objectif de ce «vol de routine». Un jeu du chat et de la souris en quelque sorte. Reste maintenant à savoir qui est le chat et qui est la souris…
L’annexion de la Crimée et les affrontements dans le sud de l’Ukraine ont tendu les rapports entre les pays de l’OTAN et son imposant voisin russe. Ne parlons pas des divergences autour des conflits au Moyen et au Proche-Orient qui ont encore attisé les suspicions. Aux frontières de la Russie, les pays baltes restent vivement inquiets, tout comme la Pologne, la Roumanie ou la Bulgarie. Les forces de l’OTAN organisent bien des rotations dans ces pays pour rassurer les populations et montrer une solidarité sans faille… mais, évidemment, toutes ces manœuvres n’apaisent pas les Russes, au contraire. Un cercle vicieux se met lentement en place. C’est à se demander si un nouveau rideau de fer n’est pas en train de descendre lentement à nouveau à l’est de l’Europe.
Laurent Duraisin