L’émotion a étreint une partie des habitants des États-Unis après le décès du sénateur John McCain. Oui, une partie seulement. Hommage à Phoenix, dans son État d’Arizona, cérémonie sous la coupole du Capitole, honneur très rare pour un élu américain, funérailles nationales en la cathédrale nationale de Washington samedi et enfin, hier après-midi, office religieux à l’Académie navale d’Annapolis avant une inhumation dans l’intimité…
Durant une semaine, les hommages se sont multipliés pour le sénateur américain, vétéran de l’armée de l’air, prisonnier de guerre au Vietnam et candidat malheureux lors de l’élection présidentielle face à un certain… Barack Obama. Il manquait évidemment une personne à tous ces rendez-vous solennels : le président Donald Trump. Le locataire de la Maison-Blanche a préféré faire du golf, samedi, plutôt que de suivre la cérémonie des funérailles nationales. Il avait une bonne excuse : il n’avait pas été invité par la famille du défunt.
John McCain et Donald Trump ne s’aimaient pas, c’est le moins que l’on puisse dire. Au-delà des divergences politiques, il y avait une différence de stature : l’un avait la carrure d’un homme d’État, l’autre ressemblait plutôt à une bête de foire. C’est le second qui est à la Maison-Blanche. Donald Trump n’a pas épargné John McCain durant leurs affrontements verbaux. Il avait lancé notamment que le sénateur n’est pas un héros de guerre. «C’est un héros simplement parce qu’il a été capturé. J’aime les gens qui ne se font pas capturer», avait-il dit. Lors d’un meeting, le président s’était même laissé aller à se moquer de son âge et de sa maladie (un cancer du cerveau) en se lançant dans une imitation improbable devant des militants hilares et surexcités. Le mépris comme arme de prédilection pour détruire ses adversaires. Pourquoi Donald Trump s’en priverait ? Cette stratégie lui a fait gagner l’élection.
Avec le décès de McCain, une partie de la vieille Amérique républicaine a définitivement disparu. La jeune garde du Grand Old Party, séduite par le trumpisme, aura du mal à être à la hauteur de son héritage.
Laurent Duraisin