Le Luxembourg a connu une triste Saint-Valentin. Hier, 14 février, le pays a en effet vécu son «jour du dépassement». En d’autres termes, à peine un mois et demi après le début de cette année 2022, le Grand-Duché vit à crédit. Si chaque habitant de la planète consommait comme un Luxembourgeois, les ressources naturelles pour une année entière seraient d’ores et déjà épuisées. Pour satisfaire ses besoins, les 635 000 résidents – tout juste 0,00008 % de la population mondiale – ont besoin de l’équivalent de huit Terres. Ce calcul, certes théorique, fait froid dans le dos.
Les plus insouciants ne vont pas tarder à rejeter la faute de ce bilan désastreux au tourisme à la pompe. Il est vrai que selon le Conseil supérieur du développement durable (CSDD), la vente de carburant aux routiers en transit et aux frontaliers représente à elle seule 1,75 planète. La consommation en énergies fossiles équivaut toutefois à 4,3 planètes.
Ce sont donc 2,55 planètes qui sont imputables aux habitants du Grand-Duché. Ces chiffres viennent illustrer l’amour des Luxembourgeois pour les voitures et plus particulièrement les grosses cylindrées. Cette tendance se confirme d’ailleurs lors de l’achat de véhicules hybrides ou électriques. La part des «SUV» choisis pour une question de confort, mais sans utilité réelle sur les routes du pays, reste importante.
Un autre chiffre du bilan dressé par le CSDD interpelle. Le secteur des services, fleuron de l’économie luxembourgeoise, consomme autant d’énergie que l’ensemble des ménages et presque autant d’électricité que l’industrie. On entre ici dans un cercle vicieux, qui comprend aussi le train de vie élevé de 80 % de la population. La forte consommation en énergie est punie encore davantage par l’explosion actuelle des prix d’électricité, de gaz et de carburants.
Malgré tout, un changement des habitudes pour parvenir à une consommation plus responsable et durable est encore très loin d’être acquis. Les objectifs que s’est fixé le gouvernement en la matière sont très ambitieux. Il n’existe pas d’alternative viable. Or si l’on voit la levée de boucliers que provoque par exemple la taxe carbone, le grand huit du Luxembourg risque de rester encore longtemps une triste réalité.