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Le G7, ce bon Samaritain

Il ne faut pas se voiler la face. La lutte contre la pandémie de coronavirus est (aussi) une histoire de gros sous. Au Luxembourg, la mise à disposition gratuite de tests PCR aux personnes non vaccinées vient de déclencher une nouvelle guéguerre entre laboratoires privés et l’État. Ce bras de fer constitue toutefois un problème de luxe par rapport à la pénurie de vaccins anti-covid qui touche les pays les plus pauvres.

La promesse du G7 de distribuer 1 milliard de vaccins aux plus vulnérables ne change rien au fait que ce sont bien les nations les mieux loties qui se sont approprié les trois quarts du vaccin produit. Hier, le site de référence ourworldindata.org annonçait que 2,4 milliards de doses avaient été administrées à travers le globe. Si 20,7 % de la population mondiale a obtenu au moins une dose du sérum, seul 0,8 % des personnes issues des pays à faible revenu ont pu être vaccinées. Il s’agit tout simplement d’une honte pour les pays les mieux lotis, qui ont fait preuve d’égoïsme et de protectionnisme depuis le début de la campagne de vaccination.

Ni le milliard de doses promis le week-end dernier au G7 ni les plus de 70 millions de doses que l’UE a déjà exportées ne changent quelque chose à ce constat. Le Luxembourg ne fait pas exception à la règle. Avec le Burkina Faso (0,04 %), le Mali (0,57 %) et le Niger (0,71 %), ce sont trois des sept pays cibles de la politique de coopération luxembourgeoise qui se trouvent en queue de peloton des campagnes de vaccination. Près de 90 % des pays africains risquent de manquer l’objectif de vacciner un dixième de leur population d’ici septembre.

La solution miracle résiderait dans la levée des brevets sur les vaccins. Bon nombre d’observateurs et de spécialistes restent très sceptiques sur le réel apport de cette mesure. Un exemple : Pfizer utilise 289 composants provenant de 86 fournisseurs situés dans 19 pays différents pour produire son sérum avec BioNTech. Une augmentation à court terme des capacités de production dans les pays défavorisés est-elle dès lors réaliste? 

Une chose est sûre : le slogan «Personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas», pourtant si capital, est royalement ignoré par les plus riches.

David Marques