Accueil | Editoriaux | Le feu couve toujours

Le feu couve toujours

S’il faut retenir une chose positive de la réunion de «réconciliation» entre le gouvernement, les syndicats et le patronat, c’est que personne n’a claqué la porte. Au bout de 10 mois d’un dialogue de sourds, il a été possible de renouer avec une véritable négociation, d’égal à égal. Le Premier ministre et son équipe ne se sont pas contentés d’écouter, mais ont cherché à «bâtir des ponts» afin de dégager des compromis.

Fallait-il vraiment attendre pour cela que l’Union des syndicats inédite mobilise, selon elle, 25 000 personnes venues manifester, le 28 juin, contre la politique gouvernementale? Fallait-il que la société civile forme un large front pour rappeler le CSV et le DP à l’ordre? Fallait-il que la majorité parlementaire commence à se fissurer avant que l’exécutif réagisse? La réponse est non. Visiblement, le Premier ministre et les ministres de tutelle ont sous-estimé l’importance de dialoguer avant de trancher. En enchaînant les cavaliers seuls (travail dominical, heures d’ouverture, salaire minimum) et en se montrant maladroit dans la communication sur la réforme des pensions, le gouvernement a provoqué un conflit social qui, dans un contexte de crise plus global, est toxique pour le pays, pour l’économie et pour la société dans son ensemble.

Il n’est jamais trop tard pour réagir, même si cela a un coût. Le ministre du Travail, Georges Mischo, a dû enterrer, mercredi, son projet d’écarter, du moins en partie, les syndicats de la négociation d’accords collectifs dans les entreprises. En position de force, les syndicats ont réussi à obtenir gain de cause face au gouvernement et au camp patronal. Très fâchée, l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) tentera certainement d’obtenir d’importantes concessions dans les autres dossiers brûlants. Les tensions entre les syndicats et le patronat restent importantes. La relation de confiance avec le gouvernement n’est pas encore rétablie. Un échec des négociations tripartites n’est pas à exclure. Le feu couve toujours. Pour éteindre l’incendie, il faudra non seulement la volonté de trouver des compromis, mais aussi se donner le temps nécessaire pour y parvenir. La nouvelle réunion prévue lundi ne doit pas être synonyme d’ultimatum fixé aux partenaires sociaux.