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Le drôle de jeu de la France

Mais à quoi joue la France en Libye ? C’est une question qu’il est légitime de se poser au vu des nouvelles informations parues la semaine dernière. Un petit rappel historique d’abord.

En 2007, les relations entre la France sarkozyste et la Libye de Mouammar Kadhafi sont au beau fixe. En décembre, accueilli en grande pompe, le dictateur libyen plante sa tente en plein Paris. Il visite le Louvre, se rend à Versailles, débat de «la situation des femmes dans le monde» (sic).

En 2011, toujours sous la présidence Sarkozy, la France prend un virage à 180 degrés, finis les ors de la République pour le «Guide» en proie à une rébellion. Sous des accusations mensongères de génocide imminent et de bombardement de civils, le «philosophe» Bernard-Henri Lévy – transformé en ministre des Affaires étrangères officieux – et le président Nicolas Sarkozy lancent une guerre contre le pouvoir kadhafiste. Une opération qui n’est pas sans rappeler l’invasion par les États-Unis de l’Irak de Saddam Hussein, accusé de détenir de prétendues armes de destruction massive. Comme pour l’Irak, la France n’a alors rien prévu pour l’après-Kadhafi, alors que ce dernier est au pouvoir depuis 40 ans. Résultat : le pays explose littéralement et sombre dans la guerre civile entre une multitude de milices.

Aujourd’hui, la Libye est divisée en deux, entre d’un côté le gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli reconnu par l’ONU et donc par Paris, et de l’autre les forces, basées à l’Est, du maréchal Khalifa Haftar, ancien général de Kadhafi, qui se rêve en nouvel homme fort de la Libye. Ce dernier a lancé en avril une offensive pour prendre Tripoli qui est pour l’instant un échec.

Dans ce contexte, la semaine dernière, des missiles français ont été découverts dans un Q. G. du maréchal Haftar repris par les forces du GNA, malgré l’embargo de l’ONU sur les armes. La France a donc pleinement son rôle dans le petit jeu mortifère que mènent des puissances étrangères (Émirats arabes unis, Égypte, États-Unis, Russie, Turquie, entre autres) en Libye. On ne sait trop ce que Paris a à y gagner. Une chose est certaine, du côté des perdants, on retrouve le peuple libyen et les migrants qui vivent un enfer.
Nicolas Klein