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Le dos au mur

Le dicton «Mieux vaut prévenir que guérir» est bien connu. Malheureusement, l’être humain a tendance à attendre d’être dos au mur avant de réagir. Ces dernières années, les exemples pour illustrer cet attentisme se multiplient.

En janvier 2020, personne ne pouvait s’imaginer qu’à peine deux mois plus tard, des populations entières allaient être forcées à se confiner chez elles, que la vie telle qu’on l’a connue allait s’arrêter du jour au lendemain. Comme le rappelle Blanche Weber, la présidente du Mouvement écologique, dans notre Interview du lundi, beaucoup de citoyens ont alors découvert un autre mode de vie. La période de repos forcé imposée par le covid a fait du bien à l’homme, mais aussi à la faune et la flore. Tout d’un coup, le stress au quotidien et la consommation excessive ont perdu en importance. Même privés de libertés fondamentales, les gens se sont mis à affirmer ne plus forcément vouloir retourner au monde d’avant, avec son rythme effréné et une utilisation trop excessive des ressources naturelles. La parenthèse ne fut cependant que de courte durée.

En janvier 2022, personne ne pouvait (ou voulait) s’imaginer que deux mois plus tard une sanglante guerre allait être déclenchée aux portes de l’Union européenne. Vladimir Poutine, tout seul, en a décidé autrement. Aujourd’hui, il mène non seulement une guerre contre l’Ukraine, mais aussi une guerre énergétique contre le reste de l’Europe. Au vu de la souffrance incommensurable du peuple ukrainien, il est hasardeux d’affirmer que cette guerre peut être un grand mal pour un bien. Mais en fin de compte, la trop forte dépendance de l’énergie fossile russe est enfin reconnue. Tardivement, et malheureusement, il semble que le turbo mis pour développer les énergies renouvelables est bien plus motivé par un enjeu financier qu’environnemental.

Quoi qu’il en soit, les années de blocage, politique et sociétal, pour construire un monde plus durable nous coûtent cher. On porte tous une part de responsabilité pour l’hiver rude qui nous est prédit. S’il est à saluer que les plus gourmands devront cesser leurs excès, un virage énergétique pris plus tôt nous épargnerait la sobriété forcée, qui placera une nouvelle fois les plus vulnérables dos au mur.