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Le deuxième round

Imperturbable. La ministre de la Famille, Corinne Cahen, maintient qu’elle n’a pas commis de faute grave dans la gestion de la crise sanitaire dans les structures pour personnes âgées. Elle admet tout au plus que certaines choses auraient pu être mieux orchestrées. Le ton risque d’être fort différent aujourd’hui à la Chambre, où la ministre libérale devra une nouvelle fois faire face aux critiques acerbes émanant des bancs de l’opposition.

Sur quoi va aboutir ce deuxième round ? Une nouvelle motion de censure ? Peu importe l’issue du débat, il est à espérer que les élus de l’opposition et de la majorité feront régner une plus grande sérénité dans les échanges que cela ne fut le cas lors du piètre premier round de début avril. Les foyers de contamination et la multiplication des décès dans les maisons de soins et de repos restent en effet un sujet trop sensible pour en faire de la politique politicienne.

Au-delà de ce travail d’analyse critique, des questions plus fondamentales se posent. Le groupe d’experts épingle ainsi à juste titre le peu d’enthousiasme du personnel soignant à se faire vacciner. Alors que le taux de vaccination moyen est de 93,3% parmi les résidents, la couverture vaccinale du personnel soignant ne dépasse toujours pas les 60%. Le rapport Waringo précise que le chiffre est «très probablement une sous-estimation», car les employés frontaliers peuvent avoir été vaccinés dans leurs pays de résidence respectifs. Ces mêmes employés frontaliers étaient cependant conviés à se faire vacciner en priorité au Luxembourg. Sont-ils donc vraiment plus nombreux à s’être fait immuniser ?

Il est incompréhensible que des professionnels de santé refusent la vaccination et mettent ainsi potentiellement en danger leurs patients. Un deuxième round doit donc aussi être mené sur ce front, surtout si l’on considère que l’effet vaccinal auprès des personnes âgées diminue au fil du temps. Le cordon sanitaire doit être le plus étanche possible. Est-ce que cela doit passer par une obligation de vaccination, telle que décrétée par la France ? Les gouvernements ont une responsabilité à assumer dans ce dossier sensible. La responsabilité des soignants est encore bien plus lourde.

David Marques