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Le danger nucléaire russe

En juillet dernier, un incendie à bord d’un sous-marin nucléaire russe a fait au moins 14 morts, rappelant la tragédie du Koursk en 2000. Le 5 août, à Atchinsk en Russie, un dépôt de munitions a littéralement explosé, obligeant le Kremlin à évacuer 10 000 habitants. Enfin, la semaine dernière, une explosion sur une base nucléaire au large de Nyonoksa (dans le Grand Nord de la Russie), où, selon les experts, les Russes travaillent sur le développement d’un nouveau type de missile nucléaire longue portée et indétectable, a fait au moins cinq morts. En l’espace d’un seul été, la gestion par la Russie de sa puissance nucléaire inquiète le monde. Sa communication aussi. Il a fallu des jours avant que le monde ne sache que l’explosion de Nyonoksa avait provisoirement fait augmenter le taux de radioactivité dans les villages autour de la base. D’ailleurs, en une heure, les pharmacies de la zone ont écoulé tous leurs stocks d’iode.

Du côté des officiels, silence radio avant de consentir à souligner l’existence d’un incident sans danger pour la population et l’environnement. Trente-trois ans après Tchernobyl, le discours semble tout aussi douteux et inquiétant.

Une inquiétude qui va croître, surtout quand on sait que la Russie vient de construire une centrale nucléaire flottante pouvant alimenter une ville de 150 000 habitants, que Greenpeace surnomme le «Tchernobyl flottant», et qu’elle est en train d’être remorquée jusqu’au petit port sibérien de 5 000 âmes de Pevek. Le but étant d’anticiper la demande en énergie de la petite bourgade qui devrait faire face à une éventuelle ruée vers l’or dans la mesure où la Russie souhaite exploiter des réserves estimées en milliers de tonnes d’or et en millions de tonnes de cuivre dans le sous-sol arctique.

Bref, le nucléaire russe fait peur. La Russie est peut-être loin de nos maisons, mais une catastrophe nucléaire, civile ou militaire, pourrait avoir des conséquences sur notre futur. Pendant ce temps, l’Europe reste muette et Trump se contente de tweeter, laissant Poutine s’amuser avec le feu.

Jeremy Zabatta