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Le CSV en père Fouettard

La venue de saint Nicolas a inspiré le camp politique. Si le ministre de la Fonction publique, Dan Kersch, a scellé juste à temps le nouvel accord salarial dans la fonction publique avec à la clé de beaux cadeaux pour les serviteurs de l’État, le président du CSV, Marc Spautz, s’est lui emmêlé les pinceaux avec sa liste de vœux.

Vendredi, le député chrétien-social a en effet publié une prise de position sur Facebook dans laquelle il s’est indigné contre le fait que «dans certaines écoles» la venue du saint patron barbu serait désormais «interdite». D’une manière générale, le divorce entre l’Église et l’État, orchestré par le gouvernement en place, ne ferait que bafouer des traditions chrétiennes.

Le grand hic est que les paroles de Marc Spautz ne s’appuient sur aucune preuve. Ses paroles dans le vide ont donc à juste titre été fustigées sur les réseaux sociaux. Le chef de file du CSV s’est même vu reprocher de sacrifier à un «populisme» digne de Donald Trump, le nouveau président des États-Unis. Au vu du tollé provoqué par ses déclarations, le député a été contraint de se défendre hier. Mais sa justification a eu du mal à convaincre.

Il est en effet indéniable que le CSV s’aventure de plus en plus souvent sur le terrain populiste, à chaque fois en soulignant que sa motivation est de répondre aux préoccupations des citoyens. Cela a été le cas avec la revendication d’une interdiction du port du voile intégral. La sortie sur le mépris des traditions chrétiennes suit le même schéma. Visiblement, le CSV redoute de perdre des électeurs au profit de l’ADR, qui aime lui aussi cultiver les slogans simplistes.

Tout cela n’est cependant pas digne d’un parti qui semble être intouchable en vue des législatives de 2018. La stratégie de la coalition au pouvoir, qui consiste maintenant – comme jadis pour le CSV – à distribuer des bonbons aux électeurs pour sauver la mise, semble rendre nerveux le camp chrétien-social. Il faut néanmoins sortir rapidement de ce jeu du père Fouettard. Le populisme gratuit pourrait rapidement se transformer en boomerang.

David Marques