Au lendemain de l’échec historique des pourparlers – visant à former une coalition entre conservateurs, Verts et libéraux allemands – la grande majorité des médias du monde entier ont désigné leur bouc émissaire : le président du parti libéral-démocrate, Christian Lindner.
Si le mot de la fin des négociations a bien été prononcé par ce dernier, dimanche soir devant les caméras du monde entier, il ne faudrait pas perdre de vue que la CSU aura tout – ou presque tout – mis en œuvre pour que le projet de coalition jamaïcaine ne voie pas le jour. Et même si la Bayerischer Rundfunk pointait (logiquement) du doigt les libéraux, hier matin, comme étant les seuls et uniques responsables de l’échec des tractations, ce même média évoquait tout de même, mais à demi-mot, que la CSU pourrait avoir un rôle dans le fiasco.
Une supposition cependant rapidement balayée d’un revers de la main : «L’hypothèse répandue et farfelue selon laquelle les négociateurs de la CSU ne voulaient pas de coalition jamaïcaine et ont torpillé les négociations avec des exigences toujours nouvelles n’est pas correcte.
Même si Alexander Dobrindt (président de la CSU au Bundestag) a souvent défriché le terrain, d’un point de vue rhétorique, le FDP a mis un terme à la situation (…); il a fait échouer les plus longues négociations de l’histoire allemande de l’après-guerre (…).» Mais la réalité peut être interprétée différemment si l’on se base sur le court-circuitage intervenu lors de ce week-end de la dernière chance au sein même de la CSU.
En effet, alors que son chef et ministre-président de la Bavière, Horst Seehofer, était à la table des négociations à Berlin, du côté de Munich se tramait un coup fourré visant le successeur pressenti de Seehofer, Markus Söder. La ministre bavaroise de l’Économie, Ilse Aigner, a notamment lâché l’«idée» d’organiser une primaire à l’occasion des législatives régionales d’octobre 2018.
On admirera la spontanéité de cette «idée», qui a largement été relayée par une presse tout aussi spontanée… D’autant plus qu’Aigner a annoncé vouloir se présenter à cette primaire… Alors, comment se désempêtrer du bourbier «jamaïco-libéro-bavarois»?
Claude Damiani