Lundi soir, peu avant 20 h, la pétition publique réclamant un référendum sur la révision de la Constitution approchait les 14 000 signatures. Une nette avancée pendant les cinq jours qui ont suivi la volte-face du CSV, qui contre toute attente, est monté à la tribune de la Chambre pour annoncer que si cette pétition atteignait les 25 000 signatures, il allait quand même soutenir une consultation populaire. Nous avons déjà écrit dans ces colonnes qu’il s’agit d’une manœuvre politique du principal parti d’opposition visant à marcher sur les platebandes de l’ADR, le seul parti à militer ouvertement contre la nouvelle Loi suprême.
Hier, le député Fernand Kartheiser est venu s’étonner de la suppression de certaines signatures de la pétition. Un moyen d’accentuer encore la pression et récolter davantage de signatures? Il restait donc, lundi soir, 11 000 soutiens à trouver endéans les 14 jours où la pétition sera encore disponible. Le défi reste de taille et personne n’a encore pu expliquer comment il sera possible de faire le tri entre les seuls électeurs majeurs – condition posée par le CSV – et les autres signataires de plus de 15 ans ou non-Luxembourgeois autorisés à signer une pétition.
Vous l’aurez remarqué : personne ne parle vraiment du contenu de la révision de la Constitution. L’ADR a réussi son coup pour forcer un débat sur le référendum constitutionnel, du moins sur la forme. Sur le fond, le parti réformateur présente, par contre, des interprétations plutôt tendancieuses. Les autres familles politiques peinent encore à communiquer sur le fond d’une révision essentielle pour le pays.
Le plus grand danger qui guette le camp politique n’est pas forcément un référendum, mais bien le climat toxique dans lequel la demande légitime d’un référendum est débattue. Très peu des 14 000 signataires ne devraient encore avoir fait l’exercice d’étudier en profondeur le contenu des textes. Sous les conditions actuelles, on se rapproche du scénario de 2005 où le référendum pour trancher trois questions fondamentales à inscrire dans la future Constitution a été fortement influencé par un vote de protestation contre le gouvernement Bettel I. Tout le monde en sortirait perdant.
David Marques