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Le club des seniors

Le CSV est-il vraiment le bon parti pour «apporter le changement», «changer de politique» et s’engager enfin à nouveau pour les intérêts de «tous les citoyens» ? Pour Claude Wiseler, la réponse est clairement oui. Une large frange de l’électorat semble aussi être encline à rendre les clés du pays à l’éternel CSV, qui, centenaire depuis 2014, a passé 90 ans au pouvoir.

L’alternance politique, pourtant de coutume chez nos voisins, le Grand-Duché ne connaît pas. Avec comme effet pervers une somnolence à tous les niveaux, la création d’un État dans l’État, une gestion à vue et une politique uniquement orientée vers ses propres électeurs. Dans le cas du CSV, il s’agit d’un électorat âgé, ultraconservateur, composé en majorité de fonctionnaires et à haut revenu. Poser la question de savoir pourquoi le CSV, qui pendant près de 35 ans a eu entre ses mains le portefeuille du logement, a failli dans sa mission à s’opposer aux magnats de l’immobilier est y répondre : son électorat était servi, donc pas besoin d’aller outre la simple gestion.

En ce début d’année 2018, les masques devront néanmoins tomber pour de bon. Mais est-ce que l’électorat, très âgé, voudra vraiment effectuer un choix objectif ? Rien n’est moins sûr, car l’amertume concernant le «putsch» qui a mené à la chute du perpétuel Jean-Claude Juncker n’est toujours pas dissipée, en dépit d’un bilan honorable de la coalition sortante, qui affiche entretemps bien plus de pragmatisme qu’au début, et ce en dépit des chantiers majeurs que restent le logement et la lutte contre les inégalités.

Reprocher aujourd’hui au gouvernement sortant de ne pas avoir réglé en cinq ans à peine l’ensemble des problèmes est tout simplement hypocrite. Mais pour l’instant, le CSV de Claude Wiseler n’a pas d’autre arme ou solution, suscitant de plus en plus de remous dans le club des seniors qu’est devenu le CSV. Le pays n’a cependant pas besoin d’une politique à l’ancienne, misant sur la prudence et la gestion à vue. Il faut que tout le pays aille de l’avant, n’en déplaise aux anciens du CSV, qui ne se reconnaissent plus dans le style jeune et direct du gouvernement sortant.

David Marques