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Le ciel ne suffit pas

Hier, le président français, François Hollande, a annoncé que son armée de l’air allait effectuer des missions de reconnaissance au-dessus de la Syrie. De celles-ci découlera la décision, ou non, de bombarder les positions de l’État islamique dans la région. Il aura suffi d’une photo, celle du petit Aylan, pour que la position française change. Mais à quoi bon? Aujourd’hui, tous les spécialistes préviennent que les frappes aériennes ne servent à rien. Elles touchent Daech, le blessent parfois, mais ne sauront pas le mettre à genoux. La seule option est militaire et terrestre. Mais qui aura le courage de risquer un Stalingrad du désert sous le soleil de Raqqa? Quelle armée peut s’engager face à des soldats fanatisés comme ceux de Daech, prêts à se sacrifier à chaque instant?

L’Allemagne a choisi d’accueillir les migrants, faute de solution européenne concertée. Elle le fait avec générosité et enthousiasme et l’histoire saura s’en souvenir. L’Allemagne, depuis la Deuxième Guerre mondiale, voit ses capacités militaires limitées et ne peut se projeter dans le monde, comme la France, le Royaume-Uni, les États-Unis ou la Chine. Alors, Berlin a choisi la seule voie possible.

Mais pendant ce temps, le sang continue de couler sur les terres conquises par Daech. Et cela ne cessera que lorsqu’une démocratie l’aura supplanté. Le dire ressemble aujourd’hui à une utopie. Pour intervenir en Syrie, il faut non seulement une légitimité politique à laquelle aucun pays occidental ne peut prétendre, mais aussi une force de frappe conséquente pour éviter le guet-apens quasiment inévitable. On en viendrait presque à rêver à de réelles nations unies, une coalition regroupant les armées de l’OTAN, mais aussi la Russie, la Chine ou encore l’Inde. Car le monstre Daech prospère, malgré les bombes et les défaites. S’il n’avance plus, il consolide ses positions et détruit l’histoire d’une civilisation. Si la France décide de bombarder la Syrie, comme d’autres avant elle, saura-t-elle aussi aller plus loin? Rien n’est moins sûr. À moins de s’entendre avec ses alliés.

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)