Aux antipodes, un étrange personnage fait la pluie et le mauvais temps. Tony Abbott, Premier ministre très conservateur de l’opulente Australie, n’a de cesse de vanter une des richesses de son pays : le charbon. Alors que ses microscopiques voisins, les États insulaires du Pacifique, voient monter le niveau des océans avec inquiétude, pour les plus chanceux, et avec fatalité pour les autres, lui ne jure que par le combustible fossile. Le charbon serait même un «bien pour l’humanité», selon le bon Tony. Heureux hasard, l’Australie est le premier exportateur mondial de charbon et un simple passage par le port de Newcastle, sur la côte est de l’île-continent, suffit pour le vérifier.
Tony ne serait-il pas un peu de parti pris dans cette histoire? Il ne le nie pas et reconnaît que son pays n’est pas nécessairement le meilleur élève quand il s’agit de lutter contre le réchauffement climatique. Mais Tony, lui, ne ment pas. «Contrairement à d’autres pays qui prennent des engagements et ne les tiennent pas, l’Australie tient ses promesses», a-t-il annoncé lors de l’ouverture d’un forum régional. Des promesses qui ne sont pas très élevées, il est vrai. En deçà des objectifs du sommet sur le climat de Paris, qui aura lieu en décembre.
«Je pense que j’ai des choses très intéressantes à dire sur les changements climatiques, lors de ce forum des îles du Pacifique, et les dirigeants du Pacifique peuvent être rassurés par le sérieux de l’Australie en la matière», a continué le bon Tony, sûr de son fait.
Sauf que Tuvalu et Kiribati sont déjà condamnés, que le Vanuatu, la Nouvelle-Calédonie et les Fidji voient chaque jour leurs côtes reculer. Alors, les affirmations condescendantes du VRP du charbon n’y changeront rien. Et l’Australie devra assumer sa responsabilité dans le réchauffement climatique, au même titre que les autres pays industrialisés. Les migrants ne seront bientôt plus uniquement politiques. Déjà, les Kiribati achètent des terres aux Fidji pour y déplacer leur population. Et l’Australie n’aura d’autre choix que d’ouvrir ses frontières à ses voisins aux pays engloutis.
Christophe Chohin