Les vacances d’été se profilaient à l’horizon lorsque le Luxembourg a découvert avec stupéfaction, le 16 juillet 2024, le détournement de 61 millions d’euros chez Caritas. Ce crime a signé l’arrêt de mort de l’ONG, acteur incontournable dans l’aide apportée aux plus vulnérables. La perte sociétale est énorme, même si l’association HUT a pu prendre le relais à l’échelle nationale.
Un an plus tard, de nombreuses questions persistent. Il est interpellant que ce soient nos confrères de la radio 100,7 qui, dans une série de reportages de très grande qualité, aient permis au grand public de découvrir, de manière très détaillée, les coulisses de l’affaire. Pourtant, le parquet s’est montré, contrairement à d’autres dossiers, assez ouvert dans sa communication. Dans un long communiqué, publié pour marquer le premier anniversaire de l’affaire Caritas, sont listés, point par point, les résultats d’une enquête hautement complexe. Un petit succès réside dans la condamnation, début juillet, de deux hommes de paille qui ont ouvert des comptes en Espagne par lesquels ont transité des fonds détournés. Ils écopent de 18 mois de prison, dont 15 mois avec sursis. La très grande majorité des 61 millions d’euros s’est volatilisée.
La Chambre a cherché à faire la lumière sur la gestion politique. Le format d’une commission spéciale a clairement montré ses limites. Le fait que les partis de la majorité aient (consciemment?) plombé les travaux parlementaires a encore compliqué l’entreprise. Le CSV a dû remplacer deux présidents de commission pour de potentiels conflits d’intérêts. En fin de compte, un rapport contenant un ensemble de recommandations adressées au gouvernement a été adopté à l’unanimité. Des recommandations diluées, dans la foulée, par le CSV et le DP.
Hier, la CSSF a infligé une amende de près de 5 millions d’euros à la BCEE, qui aurait manqué à des obligations de contrôle des virements effectués par la directrice financière de Caritas, inculpée notamment pour blanchiment d’argent et vol. Le gendarme de la place financière se joint donc aux acteurs qui ont accompli leur mission dans cette affaire : la justice, la Chambre et la presse. Un constat positif, mais le «casse du siècle» est encore loin d’être pleinement élucidé.