Quand la politique s’invite au carnaval, cela donne l’occasion unique de pouvoir se moquer et de railler les grands de ce monde dans une ambiance bon enfant et sans craindre le moindre type de représailles. Le carnaval se fait ainsi véritablement le chantre de la liberté d’expression et il permet également d’aborder des sujets sensibles avec un certain recul. En effet, chaque nouvelle saison du carnaval apporte son lot de costumes et de chars qui rivalisent de créativité et qui, pour certains, ne se gênent pas pour se payer la tête des VIP de la planète, dont l’action, le comportement ou les frasques ont défrayé la chronique au cours des derniers mois.
Le carnaval de Nice, qui a ouvert le bal, n’a pas dérogé à cette grande tradition, ses visiteurs ayant, en effet, pu avoir un avant-goût des grandes manifestations de Düsseldorf et de Cologne, sans oublier le plus célèbre carnaval du monde, du côté de Rio. Sur la Côte d’Azur, les visiteurs n’auront pu manquer le char dédié à l’affaire Weinstein, sur lequel un géant en carton-pâte à l’effigie du producteur américain est entouré de plusieurs Oscars et de trois demoiselles aguichantes tenant une pancarte où il est écrit «#MeToo». Un autre char aura entraîné des fous rires (voire des inquiétudes, c’est selon…) à Nice, en parodiant un Trump géant déguisé tel le clown terrifiant de Ça, le roman de Stephen King. Il tient dans sa main un minuscule président Macron, affublé d’une parka cirée jaune de pêcheur, tout comme la première victime dévorée par le clown dans le livre (et film) d’épouvante.
Au Luxembourg, on s’inspire fortement de cette tradition qui est très ancrée en Allemagne, même si elle est bien moins prononcée. Dimanche, à Diekirch, pour l’ouverture de la saison des cavalcades, il faut donc s’attendre à quelques surprises. Au cours des carnavals précédents, il y en avait eu pour tous les goûts : fabriques d’église, élections législatives, nation branding, space mining, nouveau look de la police… Et cette année? Il est fort à parier qu’un certain «Merde alors!» sera thématisé, car le carnaval a aussi ce pouvoir et cette mission : pouvoir tourner en dérision des sujets qui, finalement, invitent peu à la plaisanterie. Bon carnaval!
Claude Damiani