Le cadeau de la baronne

Les artistes ont ce don, celui de nous faire oublier la routine quotidienne et les tracas. Celui de nous faire rêver, de nous transporter dans un univers meilleur. Certains artistes arrivent même à le faire longtemps après leur mort. Souvent, ils ne sont d’ailleurs plus des artistes mais des légendes. Samedi, Annie Cordy a réussi l’impensable et bien malgré elle. En rendant son dernier souffle, elle a permis d’occulter pendant quelques heures l’actuelle pandémie mondiale. Pendant quelques heures, nous avons pu à nouveau rire en revisionnant les meilleures scènes de la baronne belge. Nous avons eu de nouveau ses chansons en tête, des chansons qui ont cette habitude de ne plus nous quitter pendant des heures. Pendant quelques heures, en toute simplicité, penser à autre chose.

Car il faut l’avouer, le coronavirus à toutes les sauces est en train de tourner au vinaigre. Même le dire et l’écrire devient une pénitence.

Pas un seul jour ne passe sans que l’on entende un nouveau récit des ravages de ce virus ici ou dans le monde. Pas un seul jour ne passe sans une nouvelle polémique autour des mesures sanitaires, pas une seule semaine sans découvrir la bêtise humaine dans toute sa splendeur lorsqu’un homme ou une femme est agressé(e) à cause du masque. Ajoutons à cela la présence d’un expert qui quotidiennement vient nous rappeler la situation sanitaire du moment, tout en nous présentant son livre relatant des six derniers mois avec ce virus et les innombrables dysfonctionnements de tel ou de tel institut et autres organismes. (D’ailleurs, souvent, l’on se demande comment cet expert a trouvé le temps de combattre le virus, de camper sur les plateaux TV et d’écrire un livre… Mais c’est un autre sujet.)

Encore une fois, quel immense bonheur de prendre son smartphone pour (ré)écouter un Tata Yoyo, La Bonne du curé et un Cho Ka Ka O et de s’échapper. Même en mourant, Annie Cordy aura réussi à nous donner le sourire, chose capitale à notre époque.

Jeremy Zabatta