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Le bon plan

Les mots traduisent toujours les intentions. En cette fin d’été, les nations chahutées par la crise sanitaire ont dévoilé leurs bons plans en matière de reprise économique. Qui rime déjà avec reprise épidémique, du reste. Mais passons, l’heure est à retrouver de l’air, du souffle et du vent dans la voilure financière.

Les mots portent aussi toujours des ambitions. Prenons le plan du Luxembourg, par exemple. En intitulant son paquet de mesures d’aides «Neistart Lëtzebuerg», le gouvernement insiste sur une politique volontariste et l’idée de prendre un nouveau départ vers une économie qui doit se faire plus vertueuse, «solidaire et durable». Qui doit également laisser toute sa place à l’innovation et permettre le redémarrage des machines grippées par le virus. Pour entreprendre davantage et produire mieux, plus proprement. Pour prospérer et espérer des jours meilleurs.

Des jours heureux, dit-on côté français. Les voisins du Grand-Duché, justement, ont présenté jeudi leur plan de relance – très sobrement baptisé «France relance» – dans lequel l’argent fera le bonheur de tous. Promis, rien ni «personne ne sera oublié». La stratégie tricolore prévoit dans ses grandes lignes un soutien direct aux entreprises par une baisse notoire des impôts de production sans contrepartie, un coup de boost à l’emploi des jeunes, ainsi que la relocalisation sur le territoire de secteurs industriels clés. En verdissant si possible la carte bleue, transition écologique oblige.

Et puis, les mots choisis cachent encore bien souvent une injonction. Car le bon plan, braves gens, c’est surtout de se remettre à consommer plus massivement, comme l’a exhorté le ministre français de l’Économie. C’est qu’il s’agit de relancer la croissance infinie dans ce monde fini (ou finissant, c’est selon).

D’ailleurs, il serait grand temps de dépenser sans compter ces 80 milliards d’euros épargnés pendant le confinement. Parce qu’il ne faudrait pas que vos bas de laine vous tiennent trop chaud cet hiver, non plus !

Alexandra Parachini