Accueil | Editoriaux | Le blues des paysans

Le blues des paysans

Depuis des décennies, on accuse, à tort ou à raison, les paysans de ne jamais être contents. Mercredi encore, le ministre de l’Agriculture, Romain Schneider, a souligné la beauté du métier d’agriculteur. Travailler au jour le jour en pleine nature semble en effet bien plus tentant qu’un poste de fonctionnaire dans un bureau mal aéré. Mais le ministre a eu la sincérité de rapidement ajouter que les paysans doivent aussi faire face à de nombreuses difficultés. Et avec le changement climatique, qui n’est plus à nier, les défis vont encore se multiplier pour le secteur agricole.
Manque de soleil, pluies diluviennes, sécheresses, automnes trop secs, printemps trop humides ou encore canicules en été. La liste des conditions météorologiques extrêmes qui impactent négativement les cultures est longue. Au vu de l’expérience de ces dernières années, ces phénomènes ne risquent pas de diminuer. Bien au contraire : l’absence de pluie et des températures qui dépassent largement les 35 °C pourraient devenir une habitude, très nuisible pour l’agriculture.
Très souvent, on reproche aussi aux paysans de trop polluer les eaux souterraines en raison de l’emploi d’herbicides et de pesticides. Mais avec le réchauffement de la Terre, ces mêmes paysans payent au prix fort le manque d’averses, que ce soit en hiver ou en été. Lors de la présentation du bilan des moissons, les experts ont souligné que le bilan en eau est négatif. Autrement dit : l’agriculture consomme plus d’eau que la quantité que déverse la nature.
Tout cela n’augure rien de bon pour les années à venir. Le camp politique se dit conscient que des alternatives doivent être trouvées pour assurer une production agricole suffisante tout en faisant face aux aléas du changement climatique. Les acteurs du terrain doivent eux aussi être prêts à jouer le jeu. Le passage à l’agriculture bio constitue pourtant déjà un obstacle majeur. Innover est cependant une obligation, sans quoi, le blues des paysans se transformera en crise alimentaire majeure.

David Marques.