La décision est symbolique. Jusqu’à présent, le Premier ministre luxembourgeois a toujours confié à son homologue néerlandais le mandat de négociation du Grand-Duché en cas d’absence. L’accord était réciproque.
Dimanche soir, Xavier Bettel s’est toutefois décidé à s’en remettre à la Première ministre belge, Sophie Wilmès, pour le représenter lors de son aller-retour éclair au Luxembourg pour venir présider la réunion du Conseil de gouvernement.
Visiblement, les Pays-Bas ne sont aujourd’hui plus en odeur de sainteté du côté de leurs deux alliés du Benelux. La position radicale du Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, dans la négociation du vaste plan de relance postcoronavirus n’a pas du tout été appréciée par le Luxembourg et la Belgique. Mais en fin de compte, les pays dits «frugaux» (ou radins) ont obtenu gain de cause. Ils ont forcé une importante révision à la baisse de la part des subventions dans le plan de relance. Au lieu des 500 milliards prévus au départ, ce seraient finalement 390 milliards d’euros qui seraient redistribués aux pays les plus touchés par la crise sanitaire. Un nouvel échec retentissant pour l’UE.
Tard hier soir, les négociations pour trouver un accord global étaient toujours en cours. «Chacun est ici pour défendre les intérêts de son propre pays», avait déclaré en matinée le Premier ministre néerlandais. Si cette attitude se généralise parmi les 27, l’Union européenne aura du mal à survivre. La pandémie en cours démontre toutefois qu’aucun pays du Vieux Continent ne peut résister seul face à une crise de cette ampleur.
Dans ce contexte, l’attitude du Luxembourg reste à saluer. Afin de trouver un compromis, Xavier Bettel s’est dit prêt à céder sur les fameux rabais accordés à un certain nombre de pays, dont les Pays-Bas, principe toujours fustigé par le Premier ministre grand-ducal. Les Pays-Bas sont engagés, en partie pour des raisons électorales, sur une tout autre voie. Le Benelux s’effrite.
David Marques