Ce 23 juin devait constituer le retour à une fête nationale «comme avant». Si les festivités traditionnelles ne sont pas remises entre parenthèses en raison de la pandémie, la célébration symbolique de l’anniversaire du Grand-Duc ne pourra cependant pas être «comme avant». La guerre, provoquée par l’agression russe contre l’Ukraine, fait en effet rage aux portes de l’Europe, à deux heures de vol à peine du Grand-Duché.
Quatre mois après le début de l’invasion, les regards seront cependant bien plus tournés vers Bruxelles que vers Luxembourg. Ce 23 juin va en effet s’ouvrir dans la capitale belge un sommet européen crucial. Crucial pour la perspective européenne de l’Ukraine, mais aussi pour l’avenir de l’Europe.
Les 27 chefs d’État et de gouvernement seront amenés à dégager une unanimité pour accorder à Kiev le statut de candidat à l’adhésion à l’UE. «C’est un signal d’espoir important que vous, l’Ukraine et le peuple ukrainien, méritez», a souligné, mardi, le Premier ministre, Xavier Bettel, lors de sa visite éclair en Ukraine.
Le gouvernement luxembourgeois va pleinement soutenir la demande ukrainienne. Xavier Bettel annonce vouloir peser dans les tractations à venir. Et il sera peut-être amené à remettre son costume de médiateur. Le feu vert accordé par la France, l’Allemagne, l’Italie et la Roumanie ne pourrait en effet pas être suffisant pour convaincre les pays encore réticents à entrouvrir la porte de l’UE à l’Ukraine, mais aussi à la Moldavie et à la Géorgie.
Le «signal d’espoir» n’est donc encore en rien acquis, même si, en soi, l’UE n’a rien à perdre, sauf si elle continue à tergiverser. Dans les Balkans, six pays restent, depuis le début des années 2000, en salle d’attente.
«Nous partageons la même histoire et la même destinée. Les Balkans font partie de l’Europe», clame pourtant Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Le discours envers l’Ukraine est semblable.
Ces jeudi et vendredi, l’UE sera obligée d’offrir une perspective non seulement à Kiev, Chisinau et Tbilissi, mais aussi à Belgrade, Sarajevo, Podgorica, Skopje, Tirana et Pristina. Sans quoi, les tensions, toujours présentes dans les Balkans, risquent de s’accentuer de nouveau. Vladimir Poutine s’en réjouira le premier.
C’est en effet un signal fort que l’Europe se doit d’offrir à l’Ukraine, tout en ne faisant pas l’impasse sur ses sujets domestiques, à savoir la cohésion sociale dans les pays membres… En effet, l’autre 23 juin (2016) on s’en rappelle et il a fait mal!