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L’autoabsolution

La sentence est tombée. Sans véritable surprise, le député Tom Weidig échappe à une exclusion de son parti. Perdre un député faisait courir un risque trop important. Il écope donc d’un simple avertissement après avoir liké, selon lui «dans le feu de l’action», un commentaire appelant à «exterminer» les LGBTIQ+. Un «échange ouvert» a été jugé suffisant pour croire que Tom Weidig ne voulait ni n’appelait à exterminer qui que ce soit. Le comité national de l’ADR reconnaît toutefois les dérapages en série de son élu sur les réseaux sociaux, mais se contente de faire accompagner l’avertissement d’une série de «mesures», que le parti refuse de détailler. Le comble est que Tom Weidig a proposé lui-même des actions à prendre. Une sorte d’autoabsolution qui enlève toute crédibilité à cette procédure disciplinaire.

Pour un bref moment, on a pu croire à une autre issue. Dans une lettre envoyée aux membres du comité national, la présidente Alexandra Schoos et le secrétaire général Luc Reyter ont reproché à Tom Weidig un comportement qui nuit durablement au parti. Nos confrères de la radio 100,7 avaient obtenu une copie de cette missive. L’ancien président et actuel chef de fraction Fred Keup a fait voler en éclats cet espoir. Il a relativisé le like de Tom Weidig en renvoyant vers une mauvaise interprétation du commentaire transphobe. L’auteur n’aurait jamais appelé à «exterminer» des personnes, mais seulement à «anéantir» le «mouvement» LGBTIQ+. Cette petite nuance ne change en rien le caractère haineux du message, qui a obtenu le soutien d’un député luxembourgeois.

«Maintenir dans ses fonctions un élu qui cautionne un appel à l’anéantissement d’une communauté, c’est légitimer ce discours abject. Cette inaction ne serait rien d’autre qu’une caution tacite donnée aux partisans d’une idéologie haineuse et régressive», fustigent, dans une lettre ouverte, le CSV, le DP, le LSAP, déi gréng, déi Lénk et le Parti pirate. Les six partis avaient appelé Alexandra Schoos à poser des actes forts pour sauver un tant soit peu la crédibilité de l’ADR. Il n’en sera rien. La voie est libre pour d’autres provocations et dérapages, qui, au moins sur le plan politique, resteront sans conséquences majeures.