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L’Astérix wallon

« J’espère que le bon sens va finir par l’emporter. Or je sais par expérience que le bon sens n’est pas toujours équitablement réparti au niveau européen. » Cette phrase signée Jean-Claude Juncker dans la nuit de jeudi à vendredi a trouvé confirmation quand le Canada a claqué la porte des négociations en vue de la conclusion du CETA. Jusqu’au bout, le président de la Commission européenne a cru dur comme fer que la Wallonie allait céder. Cela était encore le cas à la sortie d’un sommet européen qui n’a permis en rien à l’UE de redorer son blason. Mais au lieu d’aborder le week-end avec le souvenir d’un simple coup bas, le blocage wallon sur l’accord de libre-échange avec le Canada a débouché sur un séisme, qui risque de jeter un sacré coup de froid sur les relations avec le Canada.

En attendant, les opposants au CETA ont crié victoire. Même si nombre de leurs craintes ont trouvé un écho favorable dans le texte renégocié, ils persistent dans leur opinion que le CETA équivaut à ouvrir la boîte de Pandore. Avec Paul Magnette, devenu au fil des jours un véritable Astérix wallon, le camp du non avait trouvé un allié de taille. Mais ce dernier a fini par se brûler les doigts. Alors que le seul point qui continuait à poser problème restait les tribunaux d’arbitrage, qui pouvait toujours être bloqué au moment de la ratification, le gouvernement wallon a forcé la dose. À Bruxelles, on évoquait même le fait qu’un accord était prêt, mais qu’il n’allait être annoncé que ce week-end pour mettre à mal le Premier ministre belge, Charles Michel, qui avait volé la vedette aux socialistes au moment de former un gouvernement inédit avec les nationalistes de la N-VA.

Cette manœuvre de politique intérieure belgo-belge rappelle fâcheusement l’épisode du référendum sur le Brexit, à la base une initiative de l’ancien Premier ministre David Cameron visant à gagner en légitimité. Malheureusement, tout cela n’aide en rien le projet européen. Une profonde remise en question de l’ensemble de la classe politique, nationale, européenne et internationale, est plus que jamais nécessaire.

David Marques