Au Luxembourg, il en va de l’immobilier comme du trafic routier : l’un et l’autre sont en hausse constante. C’est bien pour les professionnels de l’immobilier et pour les vendeurs de voitures. Moins pour ceux qui cherchent à se loger et pour les automobilistes. Un autre point commun entre immobilier et routes est l’attention qu’y portent les gouvernements successifs de tous bords. Ils se répandent en discours de bonnes intentions et mettent sur les rails des projets pour stopper cette infernale spirale.
Mais rien n’y fait, ils sont en permanent décalage avec les dynamiques économiques et démographiques qui vont de pair. Le logement devient un problème majeur, surtout pour les bas revenus puisqu’il faut débourser en moyenne 1 400 euros pour un loyer et près de 500 000 pour l’achat d’un appartement. La faute à la spéculation foncière qui retient les terrains. Des mesures sont prises comme celles annoncées le 25 mars obligeant les propriétaires à bâtir réellement les terrains classés zone verte qu’ils convertissent en terrains constructibles. Des sanctions sont prévues. Sachant que la conversion d’un terrain multiplie sa valeur par 20, elles ont intérêt à être à la hauteur pour briser le cercle de la vente et de la revente.
Pour ce qui est des routes, la situation devient critique. Nul doute sur la sincérité affichée par l’actuel ministre du Développement durable et des Infrastructures, l’écologiste François Bausch, d’étendre les transports en commun et la mobilité douce. Dans ce domaine cependant, ce n’est pas un, mais dix trains de retard qu’a pris le pays, à la mesure de l’hypocrisie qui a prévalu pendant des décennies où le tout-bagnole a prévalu.
La corrélation entre immobilier et transport est évidente : plus les logements proches du lieu de travail sont chers, plus les gens s’en éloignent et passent davantage de temps sur les routes. La réalité est que ce problème a été traité jusque-là sur le mode du «faisons de la croissance d’abord, nous verrons ensuite». Certains y ont aussi trouvé un intérêt sonnant et trébuchant. À force d’ignorer les décisions à prendre, le problème s’est mué en cruelle urgence : l’asphyxie du réseau routier pourrait désormais entraîner l’asphyxie du pays tout entier, tant atmosphérique qu’économique.
Fabien Grasser