Vaste équation insoluble, faire coïncider les besoins en ressources humaines du marché de l’emploi avec les affinités et les rêves de carrière des citoyens. À titre d’exemple, depuis l’avènement des nouvelles technologies et d’internet, le monde entier recherche des informaticiens, des codeurs, des programmateurs, etc. On parle même de pénurie alors que les listes de demandeurs d’emploi regorgent de monde avec environ 17,5 millions de personnes sans emploi en Europe. Oui, mais tous n’aspirent pas à devenir un as du clavier et de la souris. D’un autre côté, un pays comme le Luxembourg ne cache pas sa volonté de vouloir attirer des profils qualifiés à haute valeur ajoutée, bref des «talents», pour reprendre les mots des recruteurs et des directeurs des ressources humaines, avec des diplômes universitaires. État providence oblige, le Luxembourg ne laisse pas ses citoyens sans qualifications sur le côté et propose une multitude de formations afin de mettre à jour leurs compétences professionnelles et ainsi améliorer l’employabilité des personnes inscrites sur les listes du chômage. Jusqu’ici tout va bien. Le problème, c’est qu’à force d’inciter les jeunes à se rendre sur les bancs des amphithéâtres universitaires et de former les moins qualifiés pour tenter d’endiguer des pénuries de profils assez spécifiques, on a oublié l’artisanat. Ce dernier n’a pas réussi à se vendre aussi bien que les grandes écoles et les universités. Les jeunes préfèrent l’université à l’apprentissage d’un métier manuel, partir étudier à l’étranger en Erasmus et faire des rencontres, pour ne pas dire la fête, plutôt que de passer des heures dans un atelier pour construire, façonner, créer ou encore faire vivre un savoir-faire. Comment les blâmer tant l’artisanat traîne dernière lui, malgré quelques récentes initiatives, l’image d’un travail pénible, rustre, vieux, difficilement rentable et sans avenir face à la modernisation digitale du monde. Sans compter la concurrence de l’État qui offre le confort financier et professionnel du fonctionnariat. Pourtant, l’artisanat mérite une plus grande attention et cela tombe bien, puisque la Chambre des métiers a ouvert vendredi dernier les inscriptions pour le brevet de maîtrise. C’est peut-être l’occasion d’y faire un tour, au cas où un artisan sommeille en vous.
Jeremy Zabatta