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L’art du rétropédalage

Donald Trump a encore fait du Donald Trump. Le président américain tentait toujours, hier, de se dépêtrer de sa piètre performance face à son homologue russe lors du sommet très attendu d’Helsinki.

La médiocrité dont a fait preuve le locataire de la Maison-Blanche n’a pas forcément surpris, mais maintenant elle ne fait plus vraiment rire. L’inquiétude commence à se répandre même dans le camp des Républicains devant la faiblesse affichée sans honte de Donald Trump face à Poutine.

Évidemment, le président américain a vanté encore hier sa «fermeté» face à son interlocuteur… comme si personne n’avait vu les images de la conférence de presse où il avait fait des déclarations très conciliantes face au président russe.

En effet, durant ce rendez-vous avec la presse du monde entier, il a semblé donner plus de poids aux dénégations du président russe concernant l’ingérence de Moscou sur l’élection américaine de 2016 qu’aux rapports de ses propres services de renseignement!

Mais il y a encore autre chose qui fait trembler les élus américains : le tête-à-tête d’environ deux heures entre les deux dirigeants, en l’absence de leurs conseillers, fait désormais l’objet d’intenses interrogations. Il a eu lieu avant la fameuse conférence de presse et donne des sueurs froides aux Américains.

Des voix se sont élevées au Capitole pour que le traducteur de Donald Trump, qui a assisté à l’échange, soit auditionné au Congrès. Qu’ont bien pu bien se dire les deux hommes? Poutine a-t-il fait une seule bouchée de son interlocuteur? D’autres élus se demandent s’il existe un enregistrement de l’entretien. «Non», a rétorqué la Maison-Blanche. L’époque de Nixon c’est terminé!

Avec Trump, les polémiques, ça vole en escadrille. Hier, le président américain a estimé que le Monténégro, membre de l’OTAN, était «un tout petit pays avec des gens très forts, très agressifs», laissant entendre qu’il pouvait provoquer une troisième guerre mondiale si ses alliés de l’Alliance devaient l’aider dans un conflit. Nouveau tollé aux États-Unis et, bientôt, nouveau rétropédalage…

Laurent Duraisin