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L’art du dialogue

Chaque femme et homme politique clame haut et fort être disposé à mener un dialogue ouvert, sincère et constructif avec les acteurs du terrain. Le «modèle luxembourgeois» repose d’ailleurs sur ce grand principe, avec comme pièce maîtresse la tripartite réunissant en temps de crise gouvernement, syndicats et patronat. Cette institution avait perdu en crédit et en crédibilité avant de connaître un retour en force après l’invasion russe de l’Ukraine et toutes les conséquences – surtout économiques – auxquelles est confronté le Luxembourg. L’art du compromis a été retrouvé en ce début d’automne, même si l’une ou l’autre mesure décidée pour tacler l’inflation doit encore prouver son apport. Ce qui est sûr, c’est que la manne financière dont dispose le Grand-Duché évite à la population de s’enfoncer dans une situation trop précaire.

La volonté de dialogue est aussi prônée par les différents ministres de tutelle. Les acteurs du terrain, directement impactés par les décisions prises par le camp politique, émettent toutefois régulièrement la même critique. Le dialogue mené serait trop souvent à sens unique. En d’autres termes : les ministres se disent à l’écoute, mais, dans les faits, font la sourde oreille. Les représentants de syndicats, d’associations, d’ONG ou de chambres professionnelles fustigent, par moments, de ne pas être pris au sérieux. Un exemple récent est le dialogue de sourds qui semble avoir lieu entre le ministre de l’Agriculture, Claude Haagen, et les représentants du secteur, les jeunes agriculteurs en tête. Des croix vertes coiffées d’une botte rouge retournée ont fleuri en septembre le long des routes pour symboliser leur ras-le-bol, mais aussi la menace d’une mort prochaine de la production agricole luxembourgeoise.

Dans nos colonnes, le ministre Haagen affirme comprendre les soucis des agriculteurs. Avec force, il réfute toutefois un manque de dialogue. L’élu socialiste renvoie d’ailleurs vers un grand nombre d’échanges avec les représentants du secteur. «Personne ne détient toute la vérité», clame en outre Claude Haagen. Cette devise devra le guider lors du très attendu sommet agraire, non seulement pour cultiver l’art du dialogue, mais aussi l’art du compromis.