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L’argent n’existe pas

Pour ceux qui en doutaient encore, l’argent n’existe pas. Certes, il y a bien des étiquettes dans les magasins, des factures à payer, tous les mois, ou même des morceaux de papiers avec une valeur faciale. Sans parler de ronds de métal que les enfants aiment bien confisquer à leurs parents. Mais l’argent n’existe pas.

S’il fallait une preuve, il suffirait de rappeler l’aventure du groupe Vinci, mardi. En quelques minutes, le cours de son action en Bourse est passé de 61,81 euros à 49,93 euros. Il était 16 h 05 mardi quand plusieurs agences d’information et rédactions ont reçu un communiqué annonçant des erreurs comptables pour l’année 2015 et le début de l’année 2016 mais aussi le licenciement du directeur financier de l’entreprise. Suffisant pour faire perdre… sept milliards d’euros à la valorisation boursière de Vinci. En trente minute, l’entreprise, estimée à 36 milliards d’euros (mais que vaut cette estimation?), est passée à 29. Tout ça à cause d’un communiqué qui n’était qu’un faux…

L’équivalent du produit intérieur brut du Togo ou de la Mauritanie avait fondu comme neige au soleil. Plus proche de nous, c’est près de 10 % du PIB luxembourgeois qui aurait disparu. D’autant que les marchés, aujourd’hui gérés par des algorithmes et des robots, s’étaient emballés autour de ces annonces et que la Bourse de Paris était déjà fermée au moment de la découverte du pot aux roses. Du grand n’importe quoi qui a peut-être profité aux plaisantins.

Mais une très belle démonstration de l’absurdité des marchés, aussi prompts à détruire de la valeur, si tant est qu’elle existe vraiment, qu’à en créer. Hier soir, après ce coup de chaud sur ses actions, Vinci s’était rassuré à un cours de 59,31 euros. Les sept milliards étaient presque réapparus, comme ça, en un peu plus de temps qu’ils n’avaient mis pour disparaître.

Entre-temps, peut-être que quelques malins ont ajouté des zéros sur leurs comptes en banque. Mais que valent vraiment ces zéros?

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)