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L’après-coup (d’État)

Le 3 novembre, le CSV avait très lourdement attaqué Xavier Bettel. Le Premier ministre serait en train de préparer un «coup d’État». En cause, sa menace de décréter l’état de crise si la Chambre n’était pas en mesure de voter dans un délai de trois jours de nouvelles restrictions anti-Covid. Au-delà du fait qu’un coup d’État est, par définition, le «renversement du pouvoir existant» – donc de la coalition tricolore en place, emmenée par Xavier Bettel – des propos hasardeux dans les deux camps ont mené à cette situation ubuesque.

Mardi, le gouvernement a préparé l’après-coup (d’État). Il avait été longuement réclamé par les partis de l’opposition : la Chambre s’est enfin vu soumettre un projet de loi comprenant des mesures anti-Covid, qui pourront être analysées à tête (plus) reposée que par le passé. Aucun vote sur un confinement partiel ne sera demandé avant lundi. Un dernier sursis est accordé par le Premier ministre et la ministre de la Santé. D’ici la fin de la semaine, le nombre de nouvelles infections doit nettement passer en dessous des 500 cas par jour. La tendance de ces derniers jours constitue une lueur d’espoir. Elle reste à confirmer.

Xavier Bettel et Paulette Lenert se disent conscients que le fait de temporiser comporte un risque. Ils assument et continuent de jouer la carte de la prudence, en dépit d’un nombre d’hospitalisations qui reste très élevé. «Toute mesure prise comporte un revers», se défend la ministre de la Santé. Le pic absolu de 863 infections date du 23 octobre. Après la stabilisation du nombre de contaminations, la décrue pourrait également s’annoncer dans les hôpitaux.

Avouées, vendredi, pour la première fois, des incohérences dans les mesures prises par le gouvernement restent présentes. La possible décision de fermer pendant trois semaines les cafés et restaurants, alors que le service à table n’est pas considéré comme un vecteur de propagation du virus, peut interpeller. Des décisions tranchantes sont cependant nécessaires dans la lutte contre le Covid-19. «Il n’existe pas de juste milieu», avance Paulette Lenert, tiraillée entre deux nécessités : freiner le virus et éviter l’écroulement du système de santé, de la société et de l’économie.

David Marques