Comment en sommes-nous arrivés là?» : depuis dimanche, politiques et journalistes allemands s’interrogent sur la spectaculaire percée de l’AfD qui fait son entrée au Bundestag avec au moins 90 élus, devenant la troisième formation du pays. Le parti xénophobe et antieuropéen s’est certes déchiré hier dans une opposition entre radicaux et ceux qui, à l’image de Frauke Petry, jouent la dédiabolisation.
Il n’empêche, ce score est un séisme dans un pays érigé en bastion antifasciste depuis 1945. «L’Allemagne est comme un alcoolique repenti : s’il replonge, il devient dangereux», avertissait la Süddeutsche Zeitung, dimanche.
L’une des interrogations soulevées porte sur la façon dont l’AfD a réussi à imposer le thème de l’immigration dans la campagne, alors même que 32 millions d’Allemands s’investissent quasi quotidiennement dans l’aide aux réfugiés.
Autrement dit, comment le racisme d’une minorité a-t-il confisqué le débat démocratique? D’aucuns pointent la tiédeur des partis centristes, tétanisés par le sujet des réfugiés tout en se montrant incapables d’apporter des perspectives à une frange grandissante d’Allemands, paupérisés dans une économie florissante.
Dans leur obsession de ménager l’électorat AfD et pour faire de l’audience à bon compte, politiciens et médias ont aussi relayé la peur et l’hostilité envers les étrangers dont l’extrême droite fait son miel. Il est à ce titre notable que la CSU subit de lourdes pertes en Bavière face à l’extrême droite, alors que son leader, Horst Seehofer, n’a cessé de coller à la roue xénophobe de l’AfD. En Allemagne aussi, l’électeur préfère l’original à sa copie.
L’entrée massive de députés AfD au Parlement interroge aussi la pertinence de l’ordolibéralisme du ministre des Finances, Wolfgang Schäuble.
Convaincu que l’hyperinflation d’avant-guerre a fait le lit du nazisme, il impose avec âpreté l’austérité monétaire et budgétaire à l’Allemagne et au reste de l’Europe. D’élection en élection, les résultats montrent que cette supposée digue contre l’extrême droite ne fonctionne pas. Ni en Allemagne ni ailleurs en Europe.
À voir la facilité avec laquelle les partis comme l’AfD récupèrent la colère des laissés-pour-compte de la mondialisation, cette vision est même contre-productive.
Fabien Grasser
Purée, Fabien, vous avez (presque) tout faux.
Pourquoi on en est arrivé là ?
Tout part évidemment de l’ouverture inconditionnelle des portes de l’Allemagne à 1,2 millions de réfugiés en 2015 (+ tous ceux qui sont arrivés après), ouverture décidée par Merkel de manière unilatérale et très personnelle, au mépris de l’avis de son propre peuple et de ses partenaires européens.
Bien aidée par les médias officiels dont elle dirige la propagande (Goebbels était un nain à côté), elle a sans cesse essayé d’imposer l’idée du « Wir schaffen das » envers et contre tout et l’Allemand moyen et modéré qui avait le malheur de trouver cette politique inquiétante était systématiquement cloué au pilori et traité de « Nazi Schwein » à un tel point que tout débat d’idée sur le sujet est devenu impossible.
C’est cet Allemand là qui a voté pour AfD, fatigué aussi des tergiversations de Seehofer qui après avoir voulu durcir son discours, s’est gentiment remis dans la roue non pas de l’AfD mais de Mutti. C’est cette absence d’une droite ferme sans être excessive (FDP n’a pas voulu du rôle non plus) qui a poussé les électeurs vers la seule alternative qui lui restait.
Les résultats des élections étant ce qu’ils sont, Merkel refuse toujours de se remettre en question et de reconnaître que l’AfD est sa créature à elle : sans la crise des réfugiés, l’AfD serait morte dans l’œuf.
Rappelons que l’arrivée incontrôlée dans le pays de 1,2 millions de réfugiés – pour la plupart musulmans – a au passage favorisé le Brexit et l’élection de Trump (dans les 2 cas, on a effrayé les électeurs avec les images de ces hordes de réfugiés entrant en Allemagne), déchiré complètement l’Europe pour finalement diviser l’Allemagne elle-même qui avait depuis la Guerre toujours veillé à écarter les extrêmes et montrait une unité qu’on ne pouvait que lui envier.
Pas mal le bilan de Mutti…
L’austérité et son chantre Wolfgang Schäuble n’ont rien à voir avec cela même si Martin Schultz à bien essayé, sans succès, d’attirer l’attention sur les « petits Allemands qui souffrent » de l’austérité et de la précarité et qui voient – en plus -les logements, les allocations, les soins de santé et le travail offerts en priorité aux réfugiés (le tout financé par la collectivité bien sûr).
32 milions d’aidants au quotidien ? Vous avez encore fumé la moquette ? Sacré Fabien.