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Laisse béton

Promenons-nous à Belval. Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il fasse grand beau, ça souffle toujours fort. Un vent à décorner les bœufs et défriser les moustaches. Les mèches les plus disciplinées se rebellent. Ça tempête sur nos crânes. Au-delà de ces considérations un poil existentielles, le constat est surtout désolant. Car la nature a disparu, chassée par les ensembles immobiliers qui dévorent toujours plus d’espace. On laisse le béton couler afin de bâtir des paradis artificiels. Et l’on emprisonne les sols qui étouffent. Privée de lumière, d’air et d’eau, la terre mise à sec se meurt. Les réservoirs de biodiversité avec. Des puits de carbone pourtant bien utiles, puisqu’ils contribuent largement à limiter les dégâts du changement climatique.

On a besoin de logements, de bureaux, de zones commerciales, d’autoroutes… On a besoin d’infrastructures, pas de verdure, semble-t-il. Dans les campagnes, on rase, on déboise, pour que poussent des lotissements à tout bout de champ. Et il faut faire places nettes dans les centres-villes, les herbes folles n’y ont plus droit de cité. L’étalement urbain, ce rouleau compresseur. Tant pis pour les animaux, les arbres centenaires. Les fleuves ne sont plus jamais tranquilles.

À Esch, on a même oublié que la Métropole du fer est posée sur l’Alzette. Une rivière qui se redécouvre au fil du temps, à mesure que l’on prend conscience du tarissement des ressources. Elle va pouvoir reprendre son cours normal du côté de Steinsel, tout comme la Pétrusse ses méandres à travers la capitale. Les efforts à engager sont certes longs et coûteux, mais pas vains. Dans le sud du pays, partout où les contrées sous emprise ont été libérées, les paysages retrouvent des couleurs et de la vie. La faune revient, la flore s’épanouit à nouveau. Et nous, on respire quand même bien mieux.

Tout n’est pas perdu, si tant est que l’on soit prêt à déconstruire le modèle sur lequel les pays industrialisés ont érigé leurs principes. À condition de rendre ses droits à cette nature piétinée. Et peut-être qu’un jour, on se baladera à Belval sans être poussés par ces bourrasques cinglant le visage. Simplement portés par la légèreté d’une brise qui caresse la joue.

Alexandra Parachini

Un commentaire

  1. Marie-Paule Feiereisen

    Très beau texte.
    C’est ce genre d’initiative que j’aimerais soutenir, ne serait-ce que moralement. J’espère que je vais avoir un soutien en retour.
    La même chose se passe à Niedercorn et dans la commune de Differdange en général.
    J’ai proposé un jardin à la place d’un immeuble à 4 étages sur un terrain haut perché et en pente. Sauf que l’avis des voisins, tous contre le bétonnage des petites villes et villages, n’a pas été pris en considération. Qu »es-ce que c’est que ces manières cavalières !!!!