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L’AfD lorgne sur le Bundestag

Créé en 2012, le jeune mais très ambitieux parti allemand antiestablishment Alternative für Deutschland (AfD) se lance dans la campagne électorale des élections fédérales du 24 septembre avec la ferme intention de faire de la crise des réfugiés et de la politique d’ouverture en matière d’immigration d’Angela Merkel l’un de ses chevaux de bataille. Force est de constater qu’à la suite de ses dernières percées électorales significatives, notamment dues à ses plaidoyers anti-immigration, l’AfD a de très fortes chances de faire son entrée au sein de la plénière du Bundestag.

En effet, le parti est monté crescendo depuis 2013, où il a manqué de très peu l’obtention d’un siège au Bundestag en réalisant un score de plus de 2 millions de voix, soit 4,7 % des suffrages, et en ratant de peu le seuil des 5 % requis par la loi électorale allemande. Un sursis, certainement, parce que les échéances électorales suivantes ont confirmé la montée en puissance de l’AfD, forcément bien «aidée» par la crise des réfugiés, qui a atteint son apogée à l’été 2015, sans parler de la permanente récupération politique faite par le parti à chaque attentat revendiqué par l’État islamique. Les attentats de Berlin, Ansbach ou Hanovre, de même que ceux perpétrés dans d’autres villes européennes et que les agressions sexuelles du nouvel an 2016 à Cologne, ont été pain bénit pour ce parti, qui avait déjà obtenu sept sièges au Parlement européen en 2014, avant de franchir le seuil des 5 % aux législatives régionales de 2016 et de s’inviter dans les parlements de différents Länder. Dans le Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, le parti ira même jusqu’à devancer la CDU d’Angela Merkel.

D’après la chaîne de télévision allemande ARD, les nouveaux soutiens de l’AfD en vue de l’échéance du 24 septembre sont des anciens de la CDU, à hauteur de 950 000 électeurs, du SPD et de la Gauche (250 000 électeurs pour les deux partis). Ces électeurs rejoignent l’idéologie du parti sur l’immigration qui se décline en deux grands axes : l’appel à la réintroduction des contrôles aux frontières allemandes, voire leur fermeture, et le refus systématique du droit d’asile pour les ressortissants provenant de soi-disant «pays tiers sûrs».

Claude Damiani (cdamiani@lequotidien.lu)